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Fête de la Toussaint

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Mardi 1er novembre 2022

Fête de la Toussaint – Année C

Lectures  :    Ap 7,2-4.9-14               Ps 23       1 Jn  3,1-3           Mt 5, 1-12a

Homélie du 1er Novembre 2022 en la fête de la Toussaint

              J’aime beaucoup cette définition de la sainteté : un saint c’est un pêcheur qui se repend ! Si c’est vrai, alors nous sommes tous saints, ou tous appelés à le devenir… On est bien loin de cette représentation d’êtres parfaits, purs, innocents, tels qu’on les représente dans nos vitraux ou dans nos statues… C’est donc notre fête à tous ! Cela c’est plutôt une bonne nouvelle, vous croyez pas, la sainteté à portée de main… !

 A condition toutefois de se repentir, et ca ce n’est pas le plus facile ! Mais attention là encore : se repentir ce n’est pas se flageller, se rouler dans la poussière, partir nus pieds sur le chemin de Compostelle ou jeûner pendant quarante jours jusqu’à mettre sa vie en danger ! Se repentir, c’est se corriger, ou chercher à le faire ! C’est accepter qu’un autre nous dise que l’on déraille, c’est demander pardon, à Dieu et aux autres, c’est surtout se convertir, changer de direction, amender notre manière de parler, d’écouter, de servir, devenir autre, avec l’aide du Seigneur et sa miséricorde… Et c’est possible ! Une multitude d’autres l’ont fait avant nous, de St Pierre à Saint François, de St Ignace à tous ces saints anonymes des temps modernes, qui ont souvent été des escrocs, des violents ou des prédateurs redoutables, avant de rencontrer sur leur chemin un peu d’amour et de mettre résolument leurs pas dans ceux du Christ…

              L’Evangile les appelle bienheureux ! Ils ne font rien d’extraordinaire, ils pleurent, ils souffrent en silence, ils ont faim et soif de justice, ils sont doux de cœur, sans rancœur, sans esprit de vengeance, on les insulte, ils ne s’y arrêtent pas, on énonce contre eux d’énormes mensonges, ils répondent par une main tendue, un sourire, une marque de confiance.

              Pas plus tard qu’hier, on fêtait st Alphonse Rodriguez, un espagnol, qui a été portier toute sa vie durant dans un collège ! Pas d’exploit, pas de miracles, sinon ceux de l’amour, de la patience et de l’humilité. Une sainteté à portée de main, pour nous tous ! Ouvrir sa porte, et son cœur, ce n’est pas si difficile !

              Mais il est bien vrai aussi que nous en sommes loin ! Ce qui fait souvent notre quotidien, c’est bien plutôt la satisfaction de nos petits plaisirs, la paresse, l’indifférence à la misère de l’autre, la recherche des honneurs, ou au moins de l’estime, de la reconnaissance… L’image de l’Eglise est bigrement écornée par les abus de toutes sortes que révèlent les media jour après jour !

              Nous sommes de cette Eglise, nous avons notre part de responsabilité dans cette image déformée de ce qu’a voulu le Christ. Un P. Dominicain écrivait : « le christianisme n’existe pas encore ! » Je crois qu’il a raison. Nous sommes bien loin de ce qu’a voulu le Christ, de cette union fraternelle, où chacun ne recherche que le bonheur de l’autre. Mais l’appel du Seigneur est toujours là, et sa présence à nos côtés pour y parvenir.

              Alors peut-être bien que la fête de la Toussaint peut jouer dans notre vie comme un déclic, la prise de conscience que je suis appelé à autre chose qu’à ce jour-le-jour sans idéal. Peut-être bien que le Christ Jésus, humblement, patiemment comme il sait si bien faire, me susurre à l’oreille : quitte ton pays, tes mauvaises habitudes, ton ego sans saveur, et risque-toi sur le chemin que je te propose : tu y seras bienheureux.

                                                                                                                 Georges Cottin sj

                                                                                                    et l’équipe d’accueil des familles en deuil