19ème dimanche du Temps Ordinaire

19 ème dimanche du Temps Ordinaire – année B – 11 août 2024 –

Lectures :  1 R 19,4-8    Ps 33     Ep 4,30 à 5.2       Jn 6,41-51

Homélie

L’existence humaine n’est pas un long fleuve tranquille ! …. Pour garder l’espérance et le courage de reprendre la route après des épreuves et des échecs, nous avons besoin de bon pain. Cela concerne notre corps bien sûr, mais aussi notre cœur et notre esprit. L’évangéliste Jean nous présente Jésus comme le pain que Dieu nous donne pour notre marche et pour notre vie. C’est ainsi que nous le recevons des mains de son Père, comme du bon pain. Il continue de nourrir, ce bon pain, ceux qui aiment Jésus et croient en lui, ceux qui écoutent sa parole et partagent son corps et son sang à chaque Eucharistie …

Lorsque Jésus se présente  à la foule après le partage du pain sur la montagne, beaucoup ont peine à comprendre ses paroles et à croire en lui.
« Les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu ciel » … « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde »

Dans les propos de Jésus rapportés dans l’évangile de ce dimanche, la nouveauté du message peut s’exprimer en une phrase paradoxale : le pain descendu du ciel s’élève de la terre. Il est à la fois don de dieu et fruit de l’humanité en Jésus Fils de Dieu. L’essentiel de l’enseignement de Jésus en saint Jean, dans ce long chapitre 6^ème, tient dans cette affirmation contradictoire. Pour éclairer le propos, il est bon de se référer à ce qu’a pu dire le concile Vatican II … il y a maintenant plus de soixante ans :
« Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme , il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché ».

Mais ce Jésus, fils de Joseph, dont tous connaissent le père et la mère, comment peut-il dire : « Je suis descendu du ciel » ? Comment croire que Dieu s’est fait homme en ce Jésus de Nazareth ? Surtout si l’on croit que Dieu n’existe pas ou si l’on pense qu’il est au ciel, et qu’il agit comme les divinités de beaucoup de religions … récompensant les uns et punissant les autres, laissant triompher le mal …Beaucoup sont « athées » de ce Dieu-là. Même les prophètes, ces porte-parole de l’Ancien Testament, ont défendu sa cause mais aussi l’ont accusé parfois d’abandon dès lors qu’il n’intervenait pas dans les épreuves subies. C’est le cas du prophète Elie, dont le découragement nous est raconté ce dimanche dans le premier Livre des Rois. Lui aussi fut un jour nourri par un ange d’un pain venu du ciel. Mais fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, il se hâta de partir pour sauver sa vie. … Aux propos désabusés que tient Elie, le Seigneur répondra avec une pointe d’humour et il l’invitera dans la suite du récit à la lucidité et à l’humilité. Il lui demandera de rebrousser chemin, de trouver un successeur pour prendre la relève et il lui rappellera que beaucoup ont gardé la foi … Tout cela peut, aujourd’hui encore, servir de leçon et de réconfort à tous les croyants tentés par le découragement.

Paul voit aussi le désarroi surgir chez beaucoup de chrétiens d’Ephèse entourés de païens. Il leur donne des conseils et les nourrit de son courage. Il les invite à vivre comme du bon pain et à résister, au nom du Christ et comme lui, dans un monde qui se nourrit de méchanceté et de mépris à leur égard. « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse … »

Enfin dans l’évangile de ce dimanche il y a plus encore à retenir. Jésus n’est pas seulement un fortifiant, une source de force et de courage. Il se présente lui-même comme une nourriture qui transforme et divinise celui qui la mange.
« … Le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ».  Amen.

Jean-Jacques Guillemot sj