2ème dimanche de Pâques, dimanche de la Miséricorde
Dimanche 11 avril 2021 – 2ème dimanche de Pâques, dimanche de la Miséricorde— Année B
Lectures : Ac 4, 32-35 Ps 117 1 Jn 5, 1-6 Jn 20, 19-31
Le texte de Saint Jean peut nous aider à traverser deux traumatismes actuels
1. Les conséquences du traumatisme du Bataclan, cette fusillade terroriste de 2015 dont la série « En Thérapie » a montré la profondeur des ravages.
2. Le 3° confinement que nous vivons actuellement comme dans un chemin de croix où Jésus tombe pour la troisième fois : épuisement de fin de trimestre, école à la maison, télé-travail à la maison, vacances sans pouvoir faire plus de 10 km, gestes-barrière nécessaires, masque obligatoire et la vaccination toujours assez lente…Donc, le traumatisme provoque une fermeture sur soi alors qu’on a envie d’aller le long de la Garonne ou le long de l’océan , peurs du complotisme encore avec la bagarre sur la qualité des vaccins, Tout se referme alors que Pâques pousse à ouvrir tous les tombeaux…
Jésus prend l’initiative de nous visiter en liant Pâques et Pentecôte :
1. En montrant ses mains et son côté, il laisse voir que le ressuscité est bien le crucifié.
2. Sa Parole :’la paix soit avec vous’ installe une joie de le voir d’autant plus profonde quelle chasse toute crainte des juifs ou du Covid.
3. « La joie se partage » dit la pub de RCF : Jésus envoie ses amis partager cette joie, simplement.
4. Il souffle sur eux, comme il a soufflé sur Adam pour que l’Esprit nous donne la joie de pardonner, la joie d’aimer jusqu’à pardonner.
L’expérience de Pâques est bien celle d’une nouvelle alliance, d’une nouvelle naissance même quand on est devenu vieux…si nous laissons l’Esprit souffler en nous et nous tourner définitivement vers le Père et vers nos frères.
Heureusement Thomas, notre frère jumeau, n’était pas là ! Il ne veut pas croire la Parole des apôtres. Il veut voir et toucher les mains avec la marque des clous, le côté percé avec la lance…Il est tellement traumatisé par son absence au procès religieux chez le grand prêtre et son absence au procès politique chez Pilate, il s’en veut tellement de n’avoir pas été là au Golgotha … qu’il veut saisir le Crucifié avant de croire au ressuscité. Il veut des preuves pour lui : que Jésus lui dise quelque chose qui soit crédible sur sa crucifixion. Sa blessure peut rejoindre aussi la nôtre quand nous ne pouvons accompagner ceux que nous aimons jusqu’à la mort, jusqu’au cimetière… Ce qui est impressionnant, c’est que huit jours après, Jésus prend à nouveau les devants et se rend présent à Thomas dans le lieu de ses blessures…Comme nous, Thomas est invité à croire sans voir : nous voyons bien que la mort est restée la mort, la souffrance est restée la souffrance pour ceux qui sortent des soins intensifs ; les hommes restent marqués dans leur corps par le virus… nous sommes invités à croire que Dieu aime tellement l’homme d’un amour invincible que le mal ne peut briser la compassion que Dieu a pour nous ; Dieu souffre avec nous, Dieu descend complètement dans la mort avec nous et dans une tendresse inconditionnelle il la remplit de vie…
Voilà ce qui est à croire : à Pâques, nous sommes invités à croire que le dernier mot de l’homme n’est pas la mort mais la vie ; que l’amour de Dieu habite le monde d’un amour absolu complètement offert à tous, même à ceux qui tuent « sans savoir ce qu’ils font » (Lc 23,33) Et la réponse de Thomas est une parole unique : »Mon Seigneur et mon Dieu » : c’est une vraie parole de foi, de croyant et non de voyant. Il voit bien les plaies de Jésus crucifié, mais il dit ce qui est invisible : il consent à mourir à son envie de comprendre, de voir et de toucher pour entrer dans une confiance de la Parole de Jésus : sois croyant. Heureux ceux qui croient sans voir. Thomas donne une réponse personnelle à Jésus parce qu’il se découvre aimé de lui, tel qu’il est avec son traumatisme. Il accepte d’être accueilli par Jésus dans sa miséricorde qui le fait passer de la mort à la vie. Il devient croyant en reconnaissant en Jésus qu’il est : »Mon Seigneur et mon Dieu« .
A nous de trouver maintenant les mots de notre rencontre personnelle avec Jésus pour dire ce que l’Esprit souffle en nous…
Claude Charvet sj