6ème dimanche de Pâques – Départ du Père Ashok –
Dimanche 9 mai 2021 – 6ème dimanche de Pâques – Année B
Départ du Père Ashok
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Lectures : Ac 10, 25-26. 34-35; 44-48 Ps 97 1 Jn 4, 7-10 Jn 15, 9-17
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Introduction :
Chers frères et sœurs,
Nous sommes au 6e dimanche de Pâques. Comme vous le savez tous, c’est une messe spéciale et importante pour moi parce qu’aujourd’hui vous allez me dire au revoir. Je vais rejoindre mon pays, l’Inde, après ces trois belles années que j’ai vécues avec vous. Comme le dit le Psaume d’aujourd’hui, « chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles », moi, je rends grâce au Seigneur pour toutes les merveilles qu’il a faites au cours de ces trois années. Je prie aussi pour que vous portiez beaucoup de fruits pour la gloire de Dieu.
Les lectures d’aujourd’hui mettent en relief l’amour de Dieu et l’amour de prochain. En fin de compte, ce qui est le plus important dans notre vie, ce ne sont pas nos richesses, ni no talents, ni nos diplômes, ni notre renommée, mais le fait d’avoir un cœur aimant. Est-ce que j’ai un cœur rempli d’amour ou bien d’amertume et de rancune ? est-ce que j’ai un cœur généreux, doux, sensible ou bien mesquin, enfermé et égoïste ? Au début de cette Eucharistie, demandons pardon au Seigneur pour les moments où nous n’avons pas été bons envers les autres.
Homélie :
L’amour universel de Dieu :
Nous remarquons que depuis des siècles, et même aujourd’hui, presque tous les pays, renforcent leurs frontières, érigent des barrières de protection. Beaucoup de sociétés, religions favorisent et entretiennent encore parfois des hiérarchies comme les classes, les castes, et les inégalités. Souvent ce qui est difficile c’est de briser les murs de distances, de discriminations, d’exclusions, des préjugés entre les gens. De même, encourager une vraie ouverture envers les autres, et avoir un esprit de fraternité est plus facile en paroles qu’en actes.
Dans la première lecture, la rencontre entre Pierre et Corneille, un païen, nous montre qu’il est toujours possible de se comporter envers les autres avec amitié et fraternité quelles que soient nos différences culturelles. Chez ces deux hommes, nous constatons un aspect commun, un esprit ouvert et accueillant. Pierre ne portait pas de jugement sur ce païen. La parole que Pierre adresse à Corneille mérite notre attention. Il dit, « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial :il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » (Ac 10, 34-35) . Pierre souligne l’amour universel de Dieu. Les hommes ont les frontières. Mais Dieu n’a ni frontières ni favoris. Son amour est le même pour tous. Autrement dit, le salut et l’amour de Dieu sont universels. Dans le verset suivant nous remarquons que « Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu » (Ac 10, 44-45). Rappelons-nous que l’Esprit Saint n’est pas un privilège réservé aux chrétiens : tous ceux qui sont ouverts et qui accueillent l’amour de Dieu reçoivent l’Esprit Saint.
Deuxièmement, le message central des lectures d’aujourd’hui c’est le commandement d’amour donné par Jésus. Il dit, « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». (Jn 15, 12-13). L’amour est très souvent compris comme un sentiment ou une émotion forte envers autrui. Lorsqu’une personne est fortement attirée par quelqu’un ou quelque chose, elle « adore ». Mais est-ce que c’est de l’amour ? Cet amour est-il un amour au vrai sens du terme ? Pas vraiment. L’amour aura certainement un élément émotionnel, mais il ne sera pas basé sur des émotions ou des sentiments.
Un fameux écrivant chrétien C.S. Lewis parle de quatre types d’amour : eros (amour physique et sexuel, une attraction forte), philia (une amitié mutuelle), storgè (simple affection, gentillesse) et agape (le plus pur des amours). Parmi ces quatre, l’amour le plus pur c’est l’Agapé. C’est l’amour divin qui est inconditionnel. C’est un amour qui n’exige rien en retour, un amour qui n’est pas égoïste. C’est un amour qui arrive à aimer et à pardonner même nos ennemis. C’est un amour qui se laisse toucher par la souffrance des autres, qui pense aux autres, prend l’initiative pour aller vers les autres, agir pour les autres et servir les autres. Par exemple, comme le bon Samaritain. Même si un Samaritain est l’ennemi des juifs, en fin de compte, c’est lui qui prend soin du juif blessé. Par-dessus tout, Jésus souligne que la qualité la plus importante d’un vrai amour c’est la capacité à se sacrifier généreusement pour ses amis.
Il y en a beaucoup qui n’aiment pas le sacrifice parce que c’est vraiment exigeant. Ça fait mal. Quand on entend « donner sa vie pour les autres », nous pensons tout de suite au fait de mourir. Se sacrifier n’est pas forcément mourir mais mourir à soi, à notre ego. Sacrifier signifie, sortir de notre zone de confort, risquer notre vie, par exemple comme le bon berger qui n’hésite pas à défendre ses brebis. Sacrifier c’est ne pas rester égoïste et indiffèrent, mais se laisser toucher par la souffrance de l’autre. Plus important encore, nous devons favoriser une attitude de profonde préoccupation pour le bien de chaque personne. L’amour doit être exprimé, mis en œuvre à travers nos actes.
Rappelons-nous que le vrai amour, n’est pas simplement un bon sentiment d’attraction, une émotion intense. Cet amour n’est pas non plus une suggestion, un simple conseil ou option mais c’est un commandement qui doit être mis en œuvre. Pour pouvoir manifester cet amour, ce qui compte le plus c’est de demeurer en Christ à travers notre prière. Car comme le dit St. Jean, « « l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour » (1Jn 4, 8).
Sans cet amour, notre vie n’a pas de sens. Comme le dit St. Paul, « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien » (1 Co 13, 1-3).
Chers frères et sœurs, prions pour que nos familles grandissent vraiment dans cet amour divin et que nous soyons les témoins de cet amour. Que Dieu vous bénisse. Amen.
Ashok BODHANA sj