Célébrations , Homélies et Méditations

Jour de Pâques

image_pdf

Dimanche 4 avril 2021 – Jour de Pâques — Année B

Lectures  : Ac 10,34a.37-43        Ps 117         Col 3, 11-4 ou 1Co 5,6b-8               Jn 20, 1-9 ou   Mc 16, 1-8

Cliquer ici pour regarder la célébration en direct ou en replay

Durant cette Eucharistie, nous prierons pour Michel Labie, Françoise Clin et Jeannine Anthonioz décédés  cette semaine.

Introduction :

                            Chers frères et sœurs, si vous vous souvenez, l’année dernière, nous n’avons pas eu la veillée pascale dans l’église de NDA, mais à la chapelle de la communauté jésuite. La célébration a été filmée et rediffusée sur youtube. Cette année, c’est-à-dire, hier soir, non plus, nous n’avons pas pu avoir la veillée pascale dans l’église. Mais sachez que le cierge pascal a été béni et allumé hier soir à la communauté jésuite lors de la célébration de la liturgie de la Parole.
Et ce matin, nous nous sommes réunis pour célébrer le dimanche de la Résurrection du Christ. Parfois, avec tout ce que nous vivons, surtout, le reconfinement à partir de demain, il se peut que certains n’éprouvent aucun sentiment de joie lors de cette fête de Pâques. Avec toutes les épreuves que nous traversons, la vie semble sombre et vide. Des ténèbres de tristesse peuvent envahir notre esprit de temps en temps.
Mais ce matin, rappelons-nous que la Résurrection est la fête de la joie, de la lumière qui dissipe les ténèbres de la tristesse et de la mort. Elle nous remplit d’espérance dans la vie. Au début de cette Eucharistie, s’il y a des choses, comme nos faiblesses, nos limitations et nos péchés qui nous empêchent de recevoir la lumière du Christ, demandons à la fois le pardon et la grâce du Christ ressuscité.

Homélie :
Dans l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons que, le premier jour de la semaine Marie Madeline, une femme, autrefois possédée de sept démons, guérie par Jésus, s’est rendue au tombeau de grand matin. Elle était avec Jésus tout au long de sa passion et de sa crucifixion. Elle était si proche, si fidèle, si attachée à Jésus qu’elle court très tôt le matin, même avant tout le monde, pour rendre les derniers hommages au corps de Jésus. Quand elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau, elle s’inquiète et s’angoisse de ne pas trouver le cadavre. Elle avait vraiment besoin du corps de Jésus pour pouvoir le pleurer et lui exprimer son amour. Remarquons bien qu’elle n’y va pas pour rencontrer le Christ Ressuscité. Elle n’y pense même pas.

De fait, juste après ce passage que nous avons lu, nous voyons l’apparition de Jésus à Marie Madeleine. Là encore elle n’arrive pas à reconnaitre Jésus. Elle le prend pour un jardiner. Pourquoi ? Parce que Marie Madeleine était tellement préoccupée par le cadavre de Jésus qu’elle n’a pas fait attention à Jésus Ressuscité. Parfois, nous aussi, nous sommes comme Marie Madeleine. Quand on est affecté, quand on traverse une situation extrêmement triste, éprouvante et douloureuse il est difficile pour nous de voir les choses de manière claire. Si on est habité par le chagrin nous n’apercevons que le vide et la mort. Même si Dieu vient à notre rencontre nous risquons de lui échapper.

Quand Marie Madeleine aperçoit que le tombeau est vide, elle n’y entre pas du tout. La première chose qu’elle fait, c’est qu’elle court. Aujourd’hui, quand on est inquiet, on court dans tous les sens pour échapper à telle ou telle chose. Par ailleurs, Marie Madeleine court d’abord vers Pierre. Pourquoi Pierre ? Parce que Pierre est le responsable de la communauté des croyants. Si donc, il leur arrive un événement important c’est à lui avant tous qu’il faut en parler.
Nous remarquons ensuite que Pierre et Jean ensemble courent vers le tombeau. Pour eux, la foi en la résurrection a commencé, par une expérience de perte, c’est-à-dire, la perte du corps du Christ, l’absence de son corps. Nous voyons que « Pierre aperçoit les linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place » (Jn 20, 6-7). Cela ne veut pas dire que puisqu’ils n’ont pas vu ou trouvé le corps du Christ, le Christ est Ressuscité. Au contraire, il faut se rappeler que la Résurrection ne doit pas être vue ou pensée selon l’absence et le vide du tombeau, mais bien en termes de présence et de plénitude. C’est pourquoi Jésus va apparaître à maintes reprises à ses disciples. Quoiqu’il en soit, une chose est certaine, si Jésus n’était pas ressuscité d’entre les morts et apparu à ses disciples, nous n’aurions jamais entendu parler de lui. Rien d’autre n’aurait pu transformer des hommes et des femmes tristes et désespérés en des gens rayonnants de joie et de courage.

Par ailleurs, quand Jean a vu le tombeau vide, il a dû se rappeler la prophétie de Jésus selon laquelle il ressusciterait au bout de trois jours. Par le don de la foi, Jean s’est rendu compte qu’aucune tombe sur terre ne pouvait contenir le Seigneur donneur de vie. Jean a vu et cru (Jean 20 : 8).

Chers frères et sœurs, peut-être, certains d’entre nous n’arrivent pas à comprendre et à croire facilement en la résurrection du Christ qui est l’événement le plus contesté, le plus énigmatique dans l’histoire du monde. Mais je vous dis et souligne une seule chose, celle que dit Saint Paul « si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vaine, et vide aussi notre foi » (1 Co 15, 14). Si le Christ n’était pas ressuscité, le christianisme n’aurait pas existé et nous ne serions pas là ce matin. La résurrection du Christ est l’événement fondamental, crucial, central de notre foi chrétienne. Nous croyons en un Dieu Vivant. Comme le disent les anges, « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » Christ est ressuscité. Oui. Il est vraiment ressuscité.

Enfin, rappelons-nous que c’est le Christ ressuscité seul qui peut éclairer toutes les zones d’ombre et d’obscurité de nos vies. Lui seul peut nous remplir de courage et d’espoir en l’avenir. Lui seul peut nous conduire et nous guider car Il est la Lumière du monde qui éclaire notre chemin. Comme Il le dit : « je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie (Jn 8, 12) ». En ce moment de pandémie, fixons notre regard sur la lumière du Christ Ressuscité. Et prions pour vivre une expérience personnelle et profonde de la rencontre du Christ Ressuscité dans notre vie. Amen.

Ashok BODHANA sj

Voici l’homélie prononcée par le Père Claude Charvet durant la messe de Pâques célébrée à l’église St Victor:

PÂQUES 2021

Trois personnages courent vers le tombeau vide au tout petit matin de Pâques. Il fait encore nuit. Suivons-les.
1. Marie-Madeleine, contrairement à Marc et Luc, vient sans rien, parce que Jean a raconté que Joseph d’Arimathie et Nicodème ont déjà utilisé 100 livres de myrrhe et d’aloès pour les rites d’ensevelissement du corps de Jésus et surtout l’onction à Béthanie par Marie, la sœur de Lazare a anticipé la toilette mortuaire. Marie Madeleine constate une anomalie : « La pierre a été enlevée du tombeau ». Elle en donne une interprétation immédiate qu’elle court annoncer à Pierre et Jean : « On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis ». C’est l’aveu explicite de la non foi, du non savoir…L’évangéliste Jean met en scène une personne qui cherche quelqu’un ; elle ne sait pas où cela va la mener, vers un lieu où il n’y a rien à voir. Mais elle vient dire une Parole. C’est une femme qui vient témoigner : juridiquement chez les juifs cela n’a pas de valeur. Mais si les 4 évangélistes insistent sur la venue de femme au tombeau vide, c’est que l’annonce de la vie du ressuscité passe bien, comme sa naissance, par une femme, comme si la vie de tout commencement passait par une femme… Cela peut être précieux pour nous encore aujourd’hui dans la reconstruction de l’Eglise…

2. Pierre et l’autre disciple sont ensemble, le renégat qui a renié trois fois Jésus dans la cour du Grand Prêtre et le croyant qui est resté au pied de la croix : l’évangéliste Jean montre un puissant travail de la foi de la communauté chrétienne pour les mettre ensemble dès le matin de Pâques. C’est une vraie nouveauté… Pierre et l’autre disciple voient la même chose : « Le tombeau est vide », comme l’avait dit Marie Madeleine. Ce n’est pas un rapt car tout est rangé : les linges montrent que le corps n’a pas été volé. Ce qui est arrivé n’obéit pas à l’ordre normal des hommes mais à un autre ordre : l’ordre de la foi… Et là Pierre et l’autre disciple ne sont pas à la même enseigne : Pierre reste dans le non savoir et repart sans explication. Son chemin de foi est laborieux, sinueux, tortueux avec des trous et des bosses…Il faudra attendre le chapitre 21 pour trouver une juste parole après le reniement… L’autre disciple, celui qui est arrivé le premier au tombeau, « voit et croit » parce qu’il a compris l’Ecriture qui disait que Jésus devait ressusciter d’entre les morts… C’est là la différence : s’appuyer sur l’Ecriture, sur l’écoute de la parole pour pouvoir croire… et voir… Le disciple que Jésus aimait entre d’emblée dans ce mystère, son amour lui fait comprendre l’incompréhensible des évènements, son regard traverse l’opacité des choses et il voit en véritable « voyant » c’est-à-dire en véritable « croyant »

3. Mais, pour le disciple que Jésus aimait, il y a encore quelque chose de plus important que le tombeau ouvert et la pierre enlevée, c’est la présence de Simon Pierre… Qu’est-ce qu’il fiche là ? Il a perdu tout droit à y être ! Il n’était pas au Golgotha… Il est là, tout essoufflé, revenant de loin. Le narrateur lui fait jouer le fameux jeu de scène (« Passez le premier, mon cher ; non je n’en ferai rien ») pour bien montrer que sa présence ne va pas de soi. Mais, si le prodigue est réintégré au banquet, si le renégat est re-né, alors oui on est bien dans les temps nouveaux ; alors oui la miséricorde a le dernier mot. Et je me dis que le disciple que Jésus aimait a vu çela aussi et il a cru. Il croit le Seigneur ressuscité car il le voit ressuscitant le pécheur. L’ordre des choses est bien bouleversé car la miséricorde consiste à donner à chacun selon ce qu’il ne mérite pas.
4. En ayant beaucoup donné le sacrement de la réconciliation ces dernières semaines du plus petit au plus âgé, je puis témoigner que l’Amour de Dieu est un don parfait : il pardonne, remet debout, rend à la vie.
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Alleluia !

Claude Charvet sj