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L’Exorcisme : un service diocésain

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Voici le témoignage de Guy Maizière , paroissien de NDA, faisant parti de l’équipe diocésaine d’exorcisme .

Lorsqu’il m’arrive d’évoquer le service de l’exorcisme, il y a comme une petite odeur de soufre autour de moi. Et pourtant, c’est bien au cœur de la pâte humaine que je vis cette activité, au sein de l’Église où m’a été donnée une lettre de mission.

Notre petite équipe vit une expérience communautaire, avec notre prêtre exorciste, actuellement Arnaud de Vaujuas et 4 bénévoles appelés (3 écoutants et une psychologue). Un téléphone de service tournant entre 2 écoutants assure une permanence. La psychologue n’apparait que lors de la rencontre mensuelle de l’équipe, au cours de ‘laquelle nous partageons un repas fraternel. C’est nécessaire ! François Barre, Le prêtre exorciste qui m’avait appelé à ce service il y a 20 ans, désirait s’entourer d’écoutants de plusieurs sensibilités spirituelles : ainsi sont passées des personnes de Foi et Lumière, du Renouveau, de l’Action catholique, de spiritualité dominicaine et souvent ignacienne. L’adage espiègle qui suit est pris en compte: « un prêtre exorciste seul est en danger, un prêtre exorciste seul est dangereux !»

La rencontre personnelle que j’ai avec chaque personne a lieu à Beaulieu, dans un petit bureau dédié, donnant sur la paix du cloitre. La personne est assise en face d’une belle image de Marie, toute simple, toute maternelle.

Celui qui est en demande n’a pas de profil type, nous recevons des gens de tout milieu, de tout âge, de toute origine — avec une légère prédominance de personnes dont la culture est familière de certaines croyances. Lorsque quelqu’un arrive à notre service, il y a eu parfois pour eux auparavant un long et dur parcours de rencontres avec moult gourous, mediums ou voyants — Beaucoup d’argent y a été dépensé – D’ailleurs, quand nous annonçons qu’ici, on ne demande rien, cela apaise déjà. On est sur un chemin de confiance.

Les histoires de vie sont très douloureuses, parfois devenues insupportables, d’où cette quête de sens toujours pressante : « Qu’est ce qui m’arrive ? Pourquoi ? Que peut-on faire pour moi ? je n’en peux plus ! »  Je pense souvent alors à cette injonction d’Isaïe : « Consolez, consolez mon peuple » ou encore à ces mots de Jésus : « ils sont comme un troupeau sans berger ».

Faire restituer l’itinéraire de vie est indispensable. J’essaie alors de comprendre ce qui est souvent confus dans leur cœur et dans leur tête, d’aider à mettre de l’ordre, de clarifier c’est à dire de mettre de la lumière. Y a-t-il un autre regard que nous pouvons poser ensemble sur ce qui est vécu comme une attaque du Malin ? Dès les premiers contacts, j’essaye d’être auprès de la personne en demande, comme un témoin de cette autre parole donnée par le Christ « N’ayez pas peur ! » avec la certitude que l’amour est plus fort que le mal parce que Dieu nous tient dans sa main.

On m’évoque souvent des deuils répétés, des poursuites jalouses et haineuses, des échecs multiples, des douleurs physiques inexpliquées, parfois des visions ou des présences terrifiantes et insistantes. A la fin de l’entretien, selon ce que je sens de la personne, j’essaie de trouver les mots pour l’inviter à mettre plus de ce Dieu bienveillant dans sa vie. Le rendez-vous se termine toujours par une prière et une bénédiction, tirées d’un rituel. Plus tard la personne est reçue par le prêtre pour un entretien et des prières adaptées aux diverses situations.

C’est lors de notre réunion d’équipe mensuelle, avec l’exorciste et la psychologue, que s’exerce un discernement à partir d’une relecture approfondie du compte rendu écrit de l’entrevue. Comment aider en vérité nos frères, nos sœurs souffrants ? S’agit-il d’angoisse exacerbée ? De désespoir tout humain ? Ou bien de véritable emprise de forces dont l’Église elle-même reconnait la malfaisance ? On l’a vu, dans le premier cas, (le plus courant) j’aide à libérer la parole, j’aide à relire, je propose parfois d’aller vers un professionnel. Dans le second cas, beaucoup plus rare, le prêtre fait toujours appel à l’un de nous, parfois à plusieurs d’entre nous, pour l’accompagner lors de l’exorcisme envisagé, dont le rituel est appelé à rester assez confidentiel. Il s’agit essentiellement de prières et de gestes rituels qui font appel à la puissance et à la compassion de Dieu, convoquant par la litanie des saints, la solidarité de l’église de tous les temps.

Pour finir ce témoignage je dirais qu’il m’arrive de recevoir plus tard des coups de téléphones spontanés me donnant des nouvelles. Souvent la personne se sent mieux, elle remercie. Parfois, elle en redemande. Alors après quelques appels, je conseille parfois un accompagnement spirituel, que je dirais « adapté ».

Je peux dire que le souci commun de nos frères et soeurs tellement en demande, l’aide que nous tentons d’apporter, l’entente de l’équipe et sa bonne humeur, sont pour moi un visage d’Église qui me convient tout à fait !

Guy Maizière