3ème dimanche de Carême avec le témoignage du CCFD et le Credo de Dom Helder Camara
3ème dimanche de Carême – année B – 3 mars 2024
Lectures : Ex 20,1-17 Ps 18 1 Co 1,22-25 Jn 2, 13-25
Homélie
« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai ». L’évangéliste note que Jésus parlait alors du « sanctuaire de son corps ». Jésus indique ainsi que le lieu où l’on pourra désormais rencontrer Dieu est son propre corps. Ce corps, ce « sanctuaire », les hommes le détruiront, mais il resurgira après trois jours. Annonce de l’événement pascal mais qui ne pourra être comprise qu’à la lumière de la résurrection.
Tel est bien ce qui est au cœur de cet épisode. Le corps de Jésus, pas seulement sa chair, mais sa personne vivante et bien concrète, est désormais le seul lieu de rencontre entre Dieu et les hommes, le lieu où Dieu se fait proche et où l’homme s’approche de Dieu. C’est bien lui, Jésus-Christ, qui est le sanctuaire de la nouvelle alliance. Et personne ne peut et ne pourra jamais le détruire. Dieu l’a signifié au monde, en ressuscitant son Fils le troisième jour. Et l’évangéliste ajoute que lorsque Jésus se releva d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait parlé ainsi … Ils crurent à l’Ecriture ainsi qu’à la parole qu’il avait dite … .
Le corps du Christ ressuscité remplit l’univers. On ne peut pas dire : il est ici, ou bien il est là. Il est de fait partout ! Nous n’adorons Dieu « ni sur cette montagne, ni à Jérusalem » mais « en esprit, et en vérité » ( Jean 4, 21 et 23 ). Cela signifie qu’il n’y a pas de lieu privilégié pour une telle rencontre car tous les lieux deviennent privilégiés … Le Christ est là, au milieu de nous, dès que nous nous ouvrons aux autres. Ce qui veut dire que le Corps ressuscité de Jésus s’intègre tous les humains. Le corps que l’Esprit donne au Christ à la résurrection prend pour nom « Eglise » au sens d’assemblée ou de communion. Devenus ensemble Corps du Christ, nous sommes le sanctuaire de Dieu. Jésus est comme la pierre fondamentale sur laquelle tout est bâti mais nous en sommes les pierres vivantes et nous formons ainsi le sanctuaire de l’Esprit ( 1 Corinthiens 6, 19 )
Qu’est-ce que cela représente pour nous aujourd’hui ?
Nous avons pris le temps ce matin d’une rencontre-partage avec le CCFD qui a choisi comme thème pour ce 3ème dimanche de Carême : « Devenir membre d’un même corps fraternel ». Et nous avons préparé cette Eucharistie en équipe d’animation liturgique avec deux d’entre eux. « Devenir membre d’un même corps fraternel » suppose que ce n’est jamais acquis une fois pour toutes, que nous sommes en chemin, que nous avons sans doute les uns et les autres à nous « convertir » à la fraternité. Dans Laudate Deum (§ 67) le pape François rappelle que « nous et tous les êtres de l’univers sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle » Mettre ensemble nos différences et nos richesses multiples cela veut dire, selon une belle expression de l’aumônier national du CCFD, qu’il nous faut « laisser mourir quelque chose de notre rapport à la vie » – qu’il s’agisse « des illusions de puissance par l’argent » ou bien « du prestige d’une fonction sociale ». Il est des jours où Jésus pourrait surgir dans notre vie pour nous dire, à nous aussi, avec l’insistance d’un véritable ami : « Enlevez cela d’ici ; cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce »
Jean-Jacques Guillemot sj en lien avec l’équipe Saint Ignace
Témoignage du CCFD
Bonjour à tous
Je viens témoigner devant vous de l’action du CCFD Terre Solidaire en matière de lutte contre les causes structurelles de la faim dans le monde.
Savez-vous qu’en 2020, 40% de la population mondiale ne pouvait se nourrir convenablement ? Savez-vous qu’au cours de cette seule année 2020, la hausse de la faim dans le monde a été égale aux hausses cumulées des 5 dernières années précédentes ? On pense à la crise du Covid, bien sûr, qui a eu des effets sur l’économie mondiale, on pense aussi aujourd’hui à la guerre en Ukraine, aux conséquences du dérèglement climatique.
Et si nous regardions aussi du côté des causes plus structurelles comme la spéculation financière qui fait gonfler les prix de l’alimentation, comme la corruption qui prive les plus vulnérables des aides qui leur sont destinées, comme l’augmentation par les pays producteurs du prix du gaz et du pétrole qui augmentent les prix de production, de transport et de stockage des denrées alimentaires, comme l’accaparement des terres des paysans au profit de multinationales prédatrices qui pratiquent l’évasion fiscale … la liste est longue !
Le CCFD Terre Solidaire ici et là-bas soutient des acteurs qui travaillent à la souveraineté alimentaire, au service des droits humains et de l’environnement. Cette démarche prend racine dans la pensée sociale de l’Église et le Pape François nous rappelle à bon escient que sur cette terre tout est lié.
Ici en Gironde et dans 15 pays, nous nous engageons dans un programme qui remet les petits producteurs au centre, l’agroécologie paysanne pour aider ces acteurs à sécuriser leur accès aux ressources productives.
Là-bas au Sénégal, nous soutenons l’ADEPA qui rassemble des acteurs de la pêche artisanale mise à mal par l’implantation d’usines étrangères de transformation de poissons en farines destinées à l’export. Une partie de la pêche locale est ainsi détournée de la consommation locale et entraîne le déséquilibre des ressources.
Nous mettons notre espérance dans le soutien à tous ceux qui veulent rendre la parole et leur dignité aux plus vulnérables. Nous sommes concernés, engagés à la suite du Christ dans le service de nos frères et sœurs en humanité et cela nous donne de la joie.
Redisons ensemble notre foi ; nous avons choisi un extrait du Credo de Dom Helder Camara.
Credo du père Dom Helder Camera (utilisé pendant la célébration)
Je crois en Dieu qui est le père de tous les hommes et qui leur a confié la terre.
Je crois en Jésus-Christ qui est venu pour nous encourager et nous guérir, pour nous délivrer et nous annoncer la paix de Dieu avec l’humanité.
Je crois en l’esprit de Dieu qui travaille en tout homme de bonne volonté.
Je crois que l’homme vivra de la vie de Dieu pour toujours
Je ne crois pas au droit du plus fort, au langage des armes, à la puissance des puissants.
Je veux croire aux droits de l’homme, à la main ouverte, à la puissance des non-violents
Je ne crois pas à la race ou à la richesse, aux privilèges, à l’ordre établi.
Je veux croire que le monde entier est ma maison
Je veux croire que le droit est un, ici et là et que je ne suis pas libre tant qu’un seul homme est esclave.
Je ne crois pas que la guerre et la faim soient inévitables, et la paix inaccessible.
Je veux croire à l’action modeste, à l’amour aux mains nues et à la paix sur terre.
Je ne crois pas que toute peine soit vaine. Je ne crois pas que le rêve de l’homme restera un rêve, et que la mort sera la fin.
Mais j’ose croire, toujours et malgré tout, à l’homme nouveau.
J’ose croire au rêve de Dieu même : Un ciel nouveau une terre nouvelle où la justice habitera.
Dom Helder Camara