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3ème dimanche de l’AVENT

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3ème dimanche de l’Avent – année B – 17 décembre 2023

Lectures :   Is 61,1-2a.10-11        Cantique Lc 1           1 Th 5,16-24          Jn 1, 6-8.19-28

Si on me posait la même question qu’à Jean Baptiste, « qui es-tu ? », je serais sans doute bien embêté pour répondre. A part mon identité, mon âge, ma nationalité, qui suis-je vraiment ?  Ce n’est certainement pas tout de suite que j’oserais dire que je suis baptisé, enfant de Dieu, chrétien, à la recherche de la vérité… et pourtant n’est-ce pas l’essentiel, bien avant ma profession, ma parenté, mes goûts, mes passions… ?

Jean le Baptiste, lui, répond tout de suite par sa relation à Dieu : « je ne suis pas le Christ… je ne suis pas Élie… Je suis la voix qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur ! » Il répond par sa mission, par sa vocation, par sa réponse à l’appel du Seigneur !

Cela fera dire à Jésus qu’il voit en Jean le Baptiste « le plus grand des prophètes » : un homme simple, modeste (« je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses chaussures »), un homme convaincu qui va toucher des foules entières, les secouer, les réveiller, et qui comme Jésus mais avant lui le paiera de sa vie !

Et cette vie « réussie », je la rapproche de celle de la Vierge Marie, parce qu’elle aussi elle a su se concentrer sur l’essentiel : porter en elle le Seigneur, et le donner au monde !

Mais n’est-ce pas ce à quoi nous sommes tous appelés, par notre Baptême ? Certes nous ne sommes ni Marie, ni Jean Baptiste, ni même Joseph, mais il y a là ce qui nous définit le mieux : nous sommes disciples du Christ ! Nous sommes sur cette terre pour répondre à l’amour de Dieu, pour y être heureux, et pour transmettre au monde quelque chose de ce bonheur d’exister ?

Alors on nous dira : mais comment peux-tu oublier les souffrances de tant et tant de gens autour de toi ? Comment peux-tu te dire heureux si un enfant se meurt de faim ou de froid à ta porte ?  Tu n’as peut-être pas connu d’abus grave sur ta personne, tu n’as peut-être jamais été humilié, tu n’as pas connu la faim ou l’exil ou la maladie… Peut-on vivre heureux tout seul ?

J’ai connu un jeune chrétien convaincu qui après un séjour humanitaire en Haïti en est revenu totalement incroyant : non, m’a-t-il dit, Dieu ne peut pas exister et demeurer indifférent à la souffrance des humains… ! Je n’ai pas su répondre à cette objection ! La seule chose que j’aurais aimé lui dire, mais c’était bien difficile à comprendre, à expliquer, c’est que Dieu a connu cette souffrance, il l’a vécue jusqu’au bout, dans sa chair, jusqu’à son dernier souffle sur la Croix. Et aujourd’hui encore Il traverse avec nous ces moments de désespoir, ces sentiments d’abandon, de déréliction, mais en même temps il les vit dans la joie, quand bien même la paix est bien loin d’être gagnée au Proche Orient, quand bien même des gens dorment dans la rue, quand bien même le monde va mal et que la planète court à sa perte. Il n’est ni sourd ni aveugle, mais il nous confie le monde, il nous soutient, il nous encourage, il nous envoie… et c’est là notre identité véritable !

Nous pouvons comme Jean Baptiste ou comme Marie redire les paroles d’Isaïe : « l’esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux prisonniers leur délivrance, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur… » C’est le message de Noël, c’est l’espérance qui nous habite tous, que le Seigneur va nous aider à ramener la paix et la joie sur cette terre, qu’il n’existe pas de situations désespérées, que l’amour est plus fort que tout, et que nous sommes acteurs de ce programme ! C’est le sens de cette lumière de Bethléem que nous sommes appelés à propager partout !

 

Georges Cottin sj et l’équipe liturgique Jean Baptiste