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7ème dimanche de Pâques

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7ème dimanche de Pâques – année B – 12 mai 2024

Lectures :  Ac 1, 15-17.20a.20c-26    Ps 102        1 Jn 4,11-16        Jn 17,11b-19

Homélie

Il est surprenant de voir que Jésus ne prie pas pour lui-même mais qu’il prie pour ceux à qui il passe le témoin : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde » . Il s’agit bien sûr des disciples.

C’est une constante dans toute l’histoire biblique : depuis Abraham, en passant par Moïse et tous les prophètes, chaque fois qu’un homme ou un groupe est choisi par Dieu ( c’est vrai pour le peuple d’Israël ) – ce n’est jamais pour son seul bénéfice, mais c’est toujours pour être envoyé en mission au service des autres. Et l’Eglise, pareillement : celle qui commence fragilement son existence le soir du Jeudi-Saint autour de Jésus, – comme celle d’aujourd’hui – n’a pas d’autre raison d’exister que d’accomplir  sa mission dans le monde.

Alors  de quelle manière cela se  fera-t-il ? Quelle doit être la manière de vivre des chrétiens ?

Pour  comprendre ce que Jésus dit à son Père : mes disciples « n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde »,  il nous faut regarder  comment Jésus se comporte tout au long de l’Evangile. Il ne cesse d’arpenter cette terre, ce monde et d’établir de nouveaux contacts. Parlant aux gens rencontrés de leur vie ordinaire : le travail, l’argent, les relations quotidiennes. Il ne fuit absolument pas ce monde mais en même temps il est bien souvent un signe de contradiction. Les lépreux, les malades, les pécheurs, les étrangers, il les approche, il les touche tandis que les « gens bien comme il faut » ne le supportent pas. Il dénonce avec force l’hypocrisie de certains puissants de son époque. On voudrait faire de lui un magicien ou un roi ? Il revendique d’être simplement l’envoyé du « Dieu très bas ». Lorsqu’on voit comment Jésus agit tout au long de l’Evangile, on comprend mieux. Jésus, après sa mort sur la croix et sa résurrection, a quitté ses disciples. Ses dernières recommandations portent sur la manière d’être dans ce monde. « Mes disciples n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde ». Mais d’un autre côté, dans sa prière, il dit au Père : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » .

Nous avons là une première indication : être non pas du monde, mais dans le monde. Non pas sous la dépendance du monde, de ses courants et de ses modes, mais dans le monde, au coeur de ce monde et au service de ce monde – loin des rêves et de l’enfermement dans une tour d’ivoire.

Seconde indication : si nous sommes envoyés dans ce monde, c’est donc que nous sommes porte- parole de celui qui nous envoie. Nous sommes porteurs de la parole qui vient de Dieu. C’est sans doute ainsi qu’il nous faut entendre ces expressions  de Jésus : « Garde mes disciples unis dans ton nom … Sanctifie-les par la vérité. Ta parole est vérité ».

Ce que je comprends de l’évangile de ce dimanche, c’est que si je veux être fidèle à Dieu , je dois trouver une position d’équilibre, pas toujours facile, j’en conviens. Ne pas fuir ce monde, ne pas être ballotté par les « prêts à penser » qui viennent du monde prétendument branché, trouver le moyen d’être dans ce monde porte-parole de Dieu qui crée ce monde et aime ce monde.

« Non pas du monde, mais dans le monde », comme ces deux fiancés qui écrivent la veille de leur mariage : Nous avons choisi de nous unir devant Dieu pour qu’il nous aide à avancer dans notre projet de vie, pour recevoir de lui une assurance et une mission. Dieu nous appelle à montrer que la fidélité est possible… Nous ne nous aimons pas pour nous-mêmes. Nous nous aimons pour donner de l’amour ».

Jean-Jacques GUILLEMOT sj