Vigile Pascale
Homélie : Vigile Pascale – année A – 11 avril 2020
Chers frères et sœurs,
En cette période difficile de pandémie ce qui habite nos esprits de manière consciente ou inconsciente c’est la peur de la mort. Chaque jour, dans les journaux, sur les réseaux, dans les médias nous avons les statistiques des personnes infectées, guéries et surtout celles des morts. Peut-être, certains d’entre nous, nous aussi, nous avons perdu l’un de nos proches : père ou mère, frère ou sœur, enfant ou ami. D’autres, peut-être, sont vraiment attristés, choqués par la mort à cause de ce virus, d’une personne très chère et importante dans leur vie
Certes la mort de n’importe qui est une réalité redoutable et triste, certes la mort au regard du monde est une défaite ou un échec. Mais pour nous chrétiens, qui croyons dans le Christ ressuscité, la mort n’est pas le dernier mot de tout. Elle n’est pas la fin de notre vie. Pourquoi ? Parce que notre foi, notre espérance chrétienne s’enracinent dans un Dieu des vivants. Nous sommes nés pour vivre éternellement parce que nous avons un Dieu qui a vaincu la mort. Comme le dit St. Paul, « Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui » (Rm 6, 9). Comme le dit Jésus lui-même, « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn 11, 25-26).
Pâque est un passage
Pour nous qui croyons en Christ, la mort n’est qu’un passage vers une autre vie. Autrement dit, un passage vers une vie ressuscitée, une vie en un Dieu vivant. Retenons et remarquons ce mot « passage », le passage de quelque chose à quelque chose. De fait, étymologiquement, le mot « Pâques » signifie « passage ». Dans l’Ancien Testament, la Pâque est la célébration du passage du peuple d’Israël de la servitude à la libération. Dans le Nouveau Testament, avec la résurrection du Christ, c’est la célébration du passage avec lui de la mort à la vie éternelle. Toutes les lectures que nous venons d’entendre, soulignent et montrent cet aspect du passage des ténèbres à la lumière (Gn), de la servitude à la libération (Ex), de la sécheresse à la fécondité (Is), d’un cœur de pierre au cœur de chair (Ez), de la mort à la vie (Rm). Laissez-moi vous dire que la pandémie que nous traversons en ce moment n’est aussi qu’un passage. Nous allons certainement traverser cette période des ténèbres avec l’aide et la grâce de Dieu, surtout avec le Christ ressuscité vainqueur de la mort.
Pâques est la purification
En ce moment de confinement, nous parlons partout de maintenir la propreté, surtout de nos mains. Autrement dit la purification de nos mains pour nous protéger de la propagation du virus. Par contre, nous avons en ce moment surtout besoin d’une eau pure et spirituelle qui nous guérisse, qui nous renforce et qui nous donne la vie. Le prophète Ézéchiel nous a parlé de cette eau venant de Dieu : « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai ». (Ez 36, 25). Ezéchiel annonce et fait allusion déjà à notre baptême dans l’eau et l’Esprit du Christ ressuscité.
Pâques est la persévérance dans la joie du Christ ressuscité.
Par ailleurs, dans l’évangile d’aujourd’hui nous avons le récit de la résurrection du Christ. Remarquons qu’il y a eu le tremblement de la terre, l’ange du Seigneur descendu du ciel, l’aspect de l’éclair, le vêtement de l’ange comme neige etc. Nous avons les éléments ou les forces cosmiques comme la terre, le ciel, l’air, la lumière pour signifier que le Christ est le maître de l’univers et avant tout, le maître de la vie. Le roulement de la pierre du tombeau signifie le pouvoir de Dieu sur la mort. Il a vaincu, triomphé de la mort. Nous voyons que deux femmes, Marie Madeleine et l’autre Marie qui avaient suivi et servi Jésus lors de passion viennent au sépulcre et deviennent les premiers témoins de la résurrection. Ce sont elles, qui ont eu la chance d’écouter la parole de l’ange : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité ». Non seulement elles ont écouté l’ange mais elles ont surtout rencontré le Christ ressuscité sur leur chemin, ont saisi ses pieds et se sont prosternées devant lui. Cette expérience du Christ ressuscité est l’événement fondamental, crucial, et central de notre foi chrétienne. Comme le dit Saint Paul, « si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vaine, et vide aussi notre foi » (1 Co 15, 14).
Finalement, prêtons attention à une parole de l’ange de la part du Christ ressuscité, répétée à deux reprises dans l’évangile d’aujourd’hui : « Soyez sans crainte ». Cette parole s’adresse à nous tous ce en moment particulier de l’épidémie. N’ayez pas peur. Ne laissez jamais mourir votre espérance dans la vie et surtout dans le Christ ressuscité qui nous purifie et protège de tout péché, de toutes sortes de peurs et de toutes sortes de pandémies. Enfin, chers frères et sœurs, à l’instar de Marie Madeleine et de Marie, devenez, vous aussi les témoins de la joie, de la lumière, de l’espérance du Christ ressuscité pour les autres, pour les membres de vos familles. Que le Christ ressuscité bénisse chacun d’entre vous et vous remplisse de tout ce dont vous avez besoin pour aller de l’avant dans ce moment de confinement, avec la force de la joie. Amen.
Ashok Bodhana sj