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28ème dimanche du Temps Ordinaire

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28ème dimanche du temps ordinaire – année C – 9 octobre 2022

Lectures :   2 R 5,14-17    Ps 97      2Tm 2, 8-13         Lc 17,11-19

                             « Il ne s’est trouvé que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus parle de ce lépreux, samaritain de surcroît, qui seul est venu le remercier après sa guérison !

J’aimerais attirer votre attention sur ce verbe REVENIR que l’on trouve si souvent tout au long de l’Ancien Testament (plus de mille emplois du verbe !) et si peu dans le Nouveau Testament (une dizaine, pas plus !). Pourquoi ?

L’Ancien Testament reflète la vie du peuple juif, avec ses coutumes, ses lois, ses guerres, son esclavage en Egypte, sa libération, sa liturgie, et surtout cette alternance constante entre des périodes de grande fidélité au Seigneur, avec par exemple Abraham ou Noé ou David, et des périodes d’abandon, de trahison, d’adoration de faux dieux, de détournement complet !

Alors Dieu se fait suppliant ! « Reviens, ô mon peuple ! Que t’ai-je fait ? Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Dieu est profondément blessé par cette rupture d’Alliance, et par la bouche de ses prophètes, Osée par exemple ou Jérémie ou Isaïe, il implore son peuple, il l’invite à revenir vers lui, il lui tend les bras… « Reviens donc, Israël, au Seigneur ton Dieu, car ta faute t’a fait trébucher… Reviens à moi et tu seras sauvé… »

C’est aussi parfois le peuple qui prend conscience de sa faute, et qui demande à Dieu : « fais-nous revenir ! ». C’est au pluriel parce que nous ne sommes pas seuls, que nous appartenons à un peuple qui tout entier est pêcheur, parce qu’il y a chez nous le péché collectif, l’indifférence vis-à-vis des plus pauvres, la société de consommation, ou la maltraitance de la planète… « fais-nous revenir ! »

Ou alors c’est Dieu lui-même qui décide de revenir à nous, malgré nos fautes. « Il revient de l’ardeur de sa colère », c’est-à-dire qu’il nous pardonne… ! C’est le psaume 84 !

Cela c’est l’Ancien Testament, qu’il nous est toujours utile de relire et de prier parce qu’il nous remet sous les yeux l’élection de Dieu, l’Alliance qu’il a conclue pour toujours avec nos pères ! Naaman le Syrien (1ere lecture) l’a fort bien compris : il revient se prosterner devant Élie qui lui a montré le chemin de la guérison.

Mais il y a le Nouveau Testament où le verbe REVENIR n’est plus guère utilisé, sauf peut-être dans ce récit de la guérison des dix lépreux : un seul est revenu vers le Christ rendre grâce de sa guérison, et Jésus s’en étonne : « où sont les neuf autres ? » La prière d’action de grâce est bien un retour vers Dieu, une prise de conscience de ce qu’il a fait pour nous, un renouvellement d’alliance…

A la place du verbe REVENIR, on a dans le Nouveau Testament le verbe ALLER

Jésus dit sans cesse : « va »

-à la femme pêcheresse que les pharisiens ont traîné dans le Temple : va et ne pêche plus !

-à la Samaritaine à qui Jésus dit : « va chercher ton mari ! »,

-au paralysé de la piscine de Bethesda : « lève-toi, prends ton grabat, et rentre chez toi »,

-à l’aveugle Bartimée, « va, t’a foi t’a sauvé ! »

-aux dix lépreux : « allez vous montrer aux prêtres !»,

-aux disciples à la Résurrection : « allez m’attendre en Galilée !»,

et en d’innombrables autres passages !

Jésus ne dit pas « reviens » puisque c’est lui qui est venu à nous ! Il dit « va », ne crains pas, ta foi t’a sauvé, allez sur l’autre rive, allez par toutes les nations porter la bonne nouvelle de l’Évangile…

Jésus ne ramène pas à Lui, il envoie, il invite à se risquer dans la vie, il s’y risque lui-même avec nous. C’est tout le mouvement de l’Incarnation, c’est cette extraordinaire délicatesse de Dieu venu partager notre condition d’homme pour nous conduire vers la vraie vie !

Que retenir de ces lectures ? Sans doute cette confiance que Dieu nous manifeste : va ! Va, je serai avec toi ! C’est écrit en grosses lettres dans le chœur de cette Église… C’est le message qu’il nous adresse à chacun aujourd’hui, membres du MCC, paroissien de Notre Dame des Anges, ou passager occasionnel ! C’est un encouragement à sortir de nos peurs, de nos enfermements, de nos culpabilités, pour aller aux frontières, avec Lui, dans ses pas, compagnons du Christ, disciples du Seigneur. Deux petites lettres : V et A, que je peux emporter avec moi aujourd’hui !  Amen !

                                                                                              Georges Cottin sj et le Mouvement des Cadres Chrétiens (MCC)