23ème dimanche du temps ordinaire
23ème dimanche du temps ordinaire– année A- 10 septembre 2023
Lectures : Si 27,30 à 28,7 Ps 102 Rm 14,7-9 Mt 18,21-35
L’évangile de ce dimanche est vraiment encourageant. En effet, le récit nous montre un Christ qui espère en l’homme, un Christ qui croit en l’homme, et donc un Christ qui croit en chacun de nous, en notre capacité de grandir et d’aimer.
Et en même temps, cet évangile nous indique que Jésus ne se fait pas d’illusion sur ce que nous sommes … Ainsi le texte commence par : « Si ton frère a commis un péché contre toi… ». Quel frère ? un frère de sang ? un frère de la communauté paroissiale ? Il me semble que ce manque de précision est un avertissement discret sur nos attitudes, nos comportements personnels, qui pourraient nous mettre un jour dans la même situation que ce frère. Nous sommes ainsi invités à faire preuve d’humilité.
« Si ton frère a commis un péché… » S’il a commis un ou des actes en rupture avec sa foi, avec lui-même, avec les autres, eh bien va lui parler – « va lui faire des reproches seul à seul ».
Parler et Écouter, voilà en quoi consiste la correction fraternelle proposée par Jésus à ses disciples afin de montrer comment vivre tous ensemble sous le regard de Dieu. Correction fraternelle qui n’est pas un jugement mais bien une recherche de réconciliation, pleine d’une bienveillance qui provoque une source de rencontres : d’abord seul à seul, puis à plusieurs, et enfin avec l’Église.
Jésus par ce climat de bienveillance fraternelle nous invite à conduire vers la vie toute personne que nous connaissons bien et qui a emprunté un chemin dangereux. Il est évident que chacun de nous est libre de refuser car nous n’avons pas à faire le bonheur des autres malgré eux. Lorsque l’enjeu est important, que l’aide de l’Église a été sollicitée et que « le frère » refuse encore d’écouter l’Église, il nous reste alors à prendre acte douloureusement de la liberté de son choix, de la liberté de ses ruptures répétées et de les respecter.
N’oublions pas que nous faisons tous l’expérience qu’il nous faut du temps pour réparer nos erreurs, et peut-être encore davantage de temps pour arriver à les reconnaitre. Il y a des fardeaux qui demandent à être portés à plusieurs, et des situations qui demandent d’être éclairées par d’autres. Notre vie est constituée de relations dont certaines n’ont pas été choisies et nous savons qu’une existence lisse en permanence n’existe nulle part.
Remarquons enfin que cet évangile s’achève sur une immense espérance. En effet, il nous dit avec force qu’au milieu de nos relations difficiles, nous ne sommes jamais seul. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ».
Ce rappel de Jésus signifie que nous sommes tous liés par l’amour avec le Christ et par conséquent tous liés entre nous et appelés à grandir en humanité. Sur le chemin du pardon, seul le Christ marchant à nos côtés peut nous ouvrir un avenir de patience, d’espérance et de compréhension. Car l’autre, les autres resteront toujours à la fois un mystère pour nous mais aussi un frère, une sœur en humanité. Amen
Jean-Jacques Guillemot sj en lien avec l’Eal Saint Ignace.