29ème dimanche du temps ordinaire – Année C – 19 octobre 2025
Lectures : Ex 17, 8-13 Ps 120 2 Tm 3, 14 – 4, 2 Lc 18, 1-8
« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » On est en droit de se poser la question, au vu de l’état du monde…
Mais ce qui peut nous redonner espoir, c’est le conseil donné par Jésus au travers de cette parabole du juge importuné par une veuve. Dieu entend nos demandes, nos appels, nos cris… Et les autres lectures de ce jour vont dans le même sens : Moïse lorsqu’il lève les bras vers le Seigneur voit ses combattants l’emporter sur les Amalécites ! Et Saint Paul, dans son épitre aux habitants de Rome, dit que la Parole de Dieu, l’Ecriture Sainte, la Bible, lue, priée, méditée, nous est fort utile pour triompher du mal.
En somme c’est la prière qui nous est recommandée là, fort bien exprimée dans le Psaume d’aujourd’hui, le Psaume 120 :
« Je lève les yeux…vers le Seigneur…
Il empêche mon pied de glisser, il me garde de tout mal, il sauve ma vie… »
La prière consisterait-elle seulement à crier vers le Seigneur, à le supplier de venir à notre secours, à l’implorer de toutes nos forces ? Dieu ne serait-il qu’un distributeur de grâces, qu’un maître impassible qui accorde à ses sujets selon son bon vouloir ? C’est tout le contraire… La parabole ici nous le présente non pas comme un juge excédé par l’insistance de cette femme mais comme un père bouleversé par la détresse de ses enfants qui « crient vers lui jour et nuit ». Dieu de compassion tel que son Fils Jésus nous l’a fait connaître, tel qu’il l’a révélé par son propre comportement : « mon Père et moi nous ne faisons qu’un » (Jn, 10,30)
En effet on voit souvent dans les Evangiles Jésus bouleversé par les souffrances de ceux qui viennent à lui, on le voit se lamenter sur Jérusalem, et pleurer avec Marthe et Marie qui viennent d’enterrer leur frère Lazare. Il est « remué dans ses tripes » face aux dix lépreux et tout remué par la souffrance des possédés. Notre Dieu n’est pas un Dieu qui rend la justice, ni un puissant qui distribue au compte-gouttes ses grâces, c’est un Dieu qui nous aime, qui que nous soyons, quelque soit notre passé, et la liste de nos fautes. Il entend nos plaintes, nos demandes, et il finit toujours par les exaucer, à sa manière à Lui, et toujours pour notre plus grand bien.
Alors justement il y a une demande que nous pouvons lui adresser collectivement ce matin. Cette demande c’est l’avenir de Marie Noël. Vous ne l’avez pas tous bien repérée ? Marie Noël c’est cette religieuse de l’Abbaye de Maumont en Charente qui a débarqué à Bordeaux il y a presque deux ans avec le désir d’y voir plus clair dans sa vocation. Elle a vécu discrètement au milieu de nous tous ces mois et aujourd’hui elle a décidé de retourner pour de bon dans la Vie religieuse. Elle va nous l’expliquer et nous demander de prier pour elle.
Georges sj et l’équipe liturgique St Ignace
Témoignage de Soeur Marie-Noël :
Bonjour à tous,
Je m’appelle sœur Marie-Noël, je suis bénédictine de l’abbaye de Maumont et j’ai eu besoin de prendre un temps de recul par rapport à la vie monastique. À Maumont, lorsque nous prenons une décision importante, nous l’expliquons à la communauté pendant un chapitre. Aujourd’hui, je le fais devant la communauté chrétienne qui a bien voulu m’accueillir.
Comme la veuve devant le juge inique, j’ai souvent supplié le Seigneur de m’écouter, de m’aider à avancer. Mais l’obscurité en mon cœur a été telle que mes appels ressemblaient à des cris dans le désert où la seule réponse n’était que l’écho de ma propre voix. Cependant, le Seigneur m’a entendue. Comme la brebis perdue, il est venu me chercher. Certainement, je me perdrai encore, mais j’ai une certitude. Il ne cessera de venir me chercher, car il m’aime. Et devant vous aujourd’hui je veux en rendre grâce. (Reste à me perdre le moins souvent possible !)
Il a mis sur ma route des personnes qui m’ont fait confiance et qui m’ont donné un travail.
Il a mis sur ma route des personnes aimantes qui ont su me faire découvrir que j’avais du prix à leurs yeux, aux yeux de Dieu. Et j’ai pu reprendre confiance en moi.
Il a mis sur ma route une communauté chrétienne qui a su me donner ma place et me dire que Dieu m’aimait. Je vous en remercie profondément, car c’était une étape importante pour mon discernement.
Aujourd’hui, j’ose croire qu’avec le chemin que j’ai fait pendant ces deux ans d’exclaustration, la vie monastique que j’aime tant va redevenir possible. J’ai fait mienne cette phrase de Dostoïevsky : « Ce dont je suis sûr c’est que le visage du Christ est le plus beau qu’il soit, que je ne trouverai pas mieux, et que je l’aime ». C’est ce qui me pousse à revenir sans cesse à Lui et je sais maintenant avec certitude que c’est dans la vie monastique que j’y arrive le mieux. C’est pourquoi je retourne à Maumont le 1er novembre.
Mais avant de vous quitter, je voudrais aussi vous demander pardon pour les moments où j’ai pu blesser la communauté que nous formons. Pour mes négligences, mes manquements à la charité, mes nombreux oublis…
Enfin, je voudrais vous lancer deux invitations. D’abord à rendre grâce avec moi pour ce que fait le Seigneur dans nos cœurs ce jeudi 23 octobre, à la messe de 18h30. Enfin, à nous retrouver quand vous le souhaitez à l’abbaye de Maumont qui bien sûr vous est ouverte.
Encore merci pour ce que vous m’avez donné. Je continuerai à prier pour vous et avec vous.
sœur Marie-Noël