3ème dimanche de Carême
3ème dimanche de Carême– année A- 12 mars 2023
Lectures : Ex 17,3-7 Ps 94 Rm 5,1-2.5-8 Jn 4,5-42
Homélie:
Il me semble que l’Église prend pour nous aujourd’hui le visage de cette femme de Samarie qui est pécheresse mais qui est appelée au Salut. Cette femme est appelée à devenir l’Église : l’Église qui se laisse évangéliser par son Seigneur puis devient missionnaire en étant témoin de la miséricorde de Dieu.
Le récit évangélique nous présente une femme ordinaire, occupée à son quotidien le plus ordinaire, – et à la religion suspecte aux yeux d’un juif pieux qui ne devrait pas lui adresser la parole. Une femme éprouvée par la vie : visiblement éconduite par plusieurs maris et qui vit à présent avec un homme qui n’est pas son mari … Cette femme qui tourne en rond dans l’existence représente l’humanité laissée à elle-même mais appelée au Salut, appelée à devenir l’Église. Elle nous représente ou nous lui ressemblons pour autant que nous pensons pouvoir nous débrouiller tout seuls, tant bien que mal, à vivoter jusqu’au terme de notre vie … Cependant cette femme va devenir l’Église, non pas en courant vers Jésus mais en se laissant rejoindre par Lui : Jésus fatigué qui se tient sur la margelle du puits.
Alors qu’est-ce qui a poussé Jésus à lui adresser la parole ? … De quoi Jésus a-t-il soif ? Jésus a soif de la foi de cette femme, soif que cette femme puisse se désaltérer aux sources de l’Évangile. Jésus a faim et soif. « Ma nourriture, c’ est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » ( Jean 4, 33 ) Et la volonté du Père est que tous les hommes soient sauvés : qu’ils ne périssent pas mais deviennent ses enfants. Jésus a faim et soif de voir cette femme entrer enfin dans la vraie vie, comme il a faim et soif de nous voir entrer dans la vraie vie.
C’est bien par sa soif d’apporter le Salut à cette femme , comme à nous tous, qu’il suscite en elle et en nous la soif du Salut, la soif de la vie éternelle. Sans cette soif, nous serions tous contraints de boire une eau qui ne désaltère pas véritablement … Admirons comment Jésus s’y prend pour faire naitre en elle et en nous cette soif d’eau vive. Il la conduit pas à pas sur un chemin de conversion. Il ne s’impose pas, il se présente à la femme en toute humilité. Il nous présente sa pauvreté, et sa soif : « Donne-moi à boire ». Mise en confiance par cette faiblesse qui n’a rien de menaçant, la femme passe d’abord de son désir quotidien de l’eau de ce monde au désir encore mondain d’une eau qu’elle n’aurait plus besoin de venir puiser … Elle ne comprend pas encore que Jésus parle de l’eau de la vie éternelle.
Pour l’aider à sortir des désirs de ce monde, Jésus lui parle de celui qui n’est pas son mari : « Va appelle ton mari, et reviens » ( Jean 4, 14-16 ). Il lui parle de ses échecs, de son péché ; Jésus met la Samaritaine devant la fragilité de sa vie . Il la conduit au lieu le plus profond de la vérité dont elle va prendre conscience : sa faiblesse et son incapacité à faire vraiment le bien qui la rendrait heureuse. Telle est la porte d’entrée de la grâce … Et nous voyons alors cette femme découvrir l’identité de Jésus, comprendre enfin la vérité de cette eau que Jésus lui promet : « Je sais qu’il vient le Messie … » « Je le suis, moi qui te parle … » ( Jean 4, 25-26 )
Voilà , chers amis, comment Jésus appelle l’humanité à le rejoindre dans la foi, comment il appelle cette femme – et nous tous – à devenir l’Église. Oui, L’Église, selon que nous le montre le chemin de cette femme, c’est bien l’humanité en tant qu’elle se laisse guider par Jésus vers la vie véritable.
Jean-Jacques Guillemot sj et l’équipe de la Messe des Familles.