3ème dimanche de l’Avent
3ème dimanche de l’Avent – année C – 15 décembre 2024 –
Lectures : So 3, 14-18a Cant. Is 12 Ph 4,4-7 Lc 3, 10-18
Jean le Baptiste prêchait dans le désert et beaucoup venaient à lui pour l’écouter, le questionner, dialoguer… Cette expérience a un nom : c’est la conversation spirituelle, celle que vous pratiquez lorsque vous allez voir un malade, ou partagez avec un exilé, un SDF ou un ami véritable que vous n’avez pas revu depuis longtemps… C’est tout le contraire du bavardage. On prend le temps de s’écouter vraiment, de comprendre ce que l’autre cherche à nous dire ou n’arrive pas à nous dire, de se laisser changer par ce que l’on entend, et d’oser à notre tour risquer une parole sur ce que nous cherchons, ce que nous pensons, ce qui nous fait vivre.
J’écoutais l’autre jour dans le bus deux jeunes femmes qui causaient… L’une a dit à l’autre : « ma mère est malade, je suis inquiète… » et l’autre lui a répondu : « oh la mienne, elle va bien, elle est même partie ce week-end skier dans les Pyrénées ! » Il n’y a aucune écoute là-dedans, l’autre est juste prétexte à me raconter, à ramener à moi !
La véritable rencontre, la conversation et non pas le bavardage, c’est cette occasion qui m’est donnée de prêter totalement attention à l’autre, de me mettre sur son terrain, de me laisser toucher par ce qu’il me partage et de lui exprimer ce qui résonne en moi.
C’est la méthode qui a été utilisée tout au long du dernier Synode… Vous avez peut-être vu quelques-unes de ces photographies où l’on voit des évêques, des religieuses, des laïcs assemblés par petites tables d’une douzaine de personne et traiter d’une question en prenant tout le temps de s’écouter, sans s’interrompre, par des tours de table successifs, en étant capables de se dire : « depuis que je t’ai écouté, je ne pense plus tout à fait la même chose, je crois que tu m’as fait bougé dans mes convictions… »
C’est ce qui s’est passé sur le chemin d’Emmaüs, lorsque le Christ vient rejoindre deux de ses disciples profondément tristes de tout ce qui s’est passé la semaine précédente avec la condamnation et la mise à mort de Jésus. Il commence par les interroger, les écouter : « pourquoi avez-vous l’air si tristes ? » Et c’est seulement après qu’il les éclaire…
C’est ce que fait Jean Baptiste au désert avec ceux qui viennent à lui… Il n’assène pas une vérité toute faite, il écoute d’abord, il cherche à comprendre, il rejoint…
C’est ce que nous sommes invités à vivre au quotidien. Converser c’est se laisser toucher, c’est écouter jusqu’au bout, c’est se mettre à genoux devant l’autre, à sa hauteur, sans jugement tout fait, avec la conviction qu’il a quelque chose à me dire ! C’est lui donner du temps parce que pour quelqu’un en pleine épreuve les larmes empêchent parfois aux mots de sortir… Je me souviens de cette jeune femme dans le métro… J’étais sur le quai d’en face… Je n’entendais pas ce qu’elle pouvait dire à cet homme, probablement un SDF, étendu par terre, mais je l’a vue s’agenouiller à côté de lui et lui parler à l’oreille, sans timidité, sans crainte du regard des autres…
Voila peut-être ce que cette troisième lanterne de Noël nous invite à vivre… : entrer en vraie conversation avec l’autre… et dans le mot conversation il y a le mot conversion ! Que le Seigneur aide chacun d’entre nous à entrer véritablement dans cette manière de vivre ses relations avec autrui !
Georges Cottin, sj