3ème dimanche de Pâques – Année C – 4 mai 2025
3ème dimanche de Pâques – Année C – 4 mai 2025
Lectures : Ac 5, 27b-32.40b-41 Ps 29 Ap 5, 11-14 Jn 21, 1-19
Le dialogue entre Jésus et Simon-Pierre qui nous est rapporté par l’évangile de Jean prend un relief tout à fait particulier alors que les cardinaux vont entrer en conclave le 7 mai pour élire le successeur du Pape François comme évêque de Rome et pasteur de l’Église universelle. La tradition catholique a toujours vu dans cette rencontre entre Jésus et Simon Pierre un des lieux bibliques où s’enracine la spécificité de la mission de Pierre et de ses successeurs.
Nous voyons que ce n’est pas d’abord une mission d’organisation mais bien une mission qui s’enracine très profondément dans une relation personnelle aimante avec le Christ.
Mais ce récit évangélique ne concerne pas que le Pape ou les évêques puisqu’il interpelle chacun d’entre nous. Que font les disciples au lendemain de la mort de Jésus et de sa résurrection ? Que faisons-nous dans le temps pascal et ensuite ?
Nous lisons que Pierre et ses collègues pêcheurs reviennent à leur métier d’autrefois. Et entre une nuit où ils n’ont rien pris et un matin où la pêche est surabondante, Jésus a repris la main mais ils ne le reconnaissent pas …C’est pourtant au plus près de leur métier de pêcheur que Jésus les interpelle : “ …Avez-vous quelque chose à manger ?” C’est de fait l’objectif de leur travail : ils sortent pour prendre du poisson, et ils en prennent pour se nourrir. Mais cette nuit-là ils ne prennent rien et ils n’ont donc rien à donner. Jésus leur demande alors de recommencer à pêcher mais cette fois-ci c’est lui qui indique l’endroit où ils doivent jeter leur filet : juste près de leur barque. Un patron de pêche, c’est celui qui sait où il y a des chances de trouver du poisson. Nous voyons cette fois Jésus commander la pêche et- chose étonnante ! – ces pêcheurs de métier lui obéissent ! Le résultat est inattendu … Quand on s’en remet au Seigneur, le filet déborde de visages à aimer et à écouter … Quelque chose leur revient de ce qu’ils ont vécu avec lui. C’est son style : la vie qu’il mène et qu’il offre est au premier abord tout à fait semblable à notre quotidien, puis soudain avec la rencontre du Ressuscité l’horizon s’élargit …
Il y a une seconde surprise dans ce récit. L’affaire commence avec une demande de Jésus : avez-vous quelque chose à manger ? Mais au final ce sont les pécheurs qui sont invités à un repas. Les apôtres ont amené les gros poissons qu’ils viennent de prendre mais ce sont les petits poissons que Jésus a amenés qu’ils vont manger. Jésus en effet les a préparés sur un feu de braise, sur son rivage à lui … Quel est donc ce rivage où il nous invite ? Quel est donc son chemin ?
Nous en avons souvent entendu parler de ce chemin. Depuis que au commencement de la Bible Dieu a dit : faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance … Puis depuis que Jésus est venu vivre en chair et en os au milieu de nous. C’est cette condition de fils à laquelle nous sommes appelés qu’il est venu vivre. Mais cette condition de fils de Dieu n’est pas à la portée de nos seules forces …Il faut nous remettre sans cesse à l’école de Jésus
Depuis Pâques nous lisons dans les Écritures que “Jésus est vivant” … Mais comme les apôtres nous ne le reconnaissons pas tout de suite. Pourtant il passe au plus près de notre barque ! C’est toujours lui qui prend l’initiative ! Nous avons toujours besoin qu’un frère ou une sœur nous dise : c’est bien Lui ! Il faut y aller ! Et notre nourriture ce n’est pas seulement ce que nous prenons nous-mêmes. Ce n’est pas seulement celle des nuits où nous ne prenons rien, ni celles des matins où nous sommes émerveillés car nos filets sont remplis de gros poissons .
Notre nourriture ce sont les petits poissons que Jésus nous a préparés sur un feu de braise sur son rivage à lui.. Sachons les reconnaître et les accueillir. Amen
Jean-Jacques Guillemot sj