Dédicace de la basilique du Latran – Année C – 9 novembre 2025
Dédicace de la basilique du Latran – Année C – 9 novembre 2025
Lectures : Ez 47, 1-2.8-9.12 Ps 45 1 Co 3, 9c-11.16-17 Jn 2, 13-22
Jésus est vraiment en colère, contre ceux qui ont fait du Temple de Jérusalem une maison de commerce. Il renverse les tables et chasse avec un fouet ceux qui se sont installés là. J’ai cherché dans les Evangiles d’autres circonstances où le Christ est vraiment choqué et où il reprend durement ceux qui sont là, et j’en ai trouvé… tout plein, depuis les Pharisiens remplis d’hypocrisie, jusqu’à la foule inconstante qui ne vient chercher que des miracles, et ses propres disciples qui cherchent à le dissuader de se rendre à Jérusalem.
Preuve par excellence que Jésus n’a pas fait semblant d’être homme mais qu’il a éprouvé comme chacun de nous des humeurs, des sentiments de colère, de révolte, d’ecoeurement, ou parfois aussi des sentiments d’une joie immense, d’une paix profonde, d’un attachement sans faille à ses disciples…
Mais ce que je retiens surtout de ces lectures, ce sont les mots de Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens : « le sanctuaire de Dieu, c’est vous ! Vous êtes un sanctuaire de Dieu ». Le sanctuaire de Dieu c’est son peuple. S’en prendre à un petit, le rabrouer, le condamner sous prétexte qu’il ne sait pas, qu’il n’est pas au top, ou tout simplement différent, c’est faire injure à Dieu lui-même. Hélas les exemples ne manquent pas, tout autour de nous ou chez nous-mêmes.
Je crois qu’il faut retenir de ces textes la conviction que Dieu nous aime profondément. C’est banal de dire cela, et pourtant cela comporte des conséquences sans fin ! Qui suis-je pour juger l’autre, pour l’ignorer ou l’écarter de ma route ? N’est-il pas comme moi le préféré de Dieu ?
Alors j’ai à m’interroger sur ma relation aux autres… On parle beaucoup aujourd’hui dans l’Eglise de diaconie, la diaconie étant l’accueil inconditionnel de chacun avec ses fragilités. Mais jusqu’où va cet accueil ? Une simple porte entrouverte ? L’Eglise nous demande de « donner une vraie place aux plus fragiles, aux malades et aux démunis dans la famille paroissiale en les intégrant aux activités de la paroisse : liturgie, sacrements, catéchèse, partage de la parole, rencontres fraternelles ». Je me réjouis profondément de tout ce qui se fait déjà dans ce domaine, les acteurs sont parmi vous, alléluia, mais il reste encore beaucoup à faire ! « Les pauvres sont nos maitres » disait… je ne sais plus qui ! Jésus lui-même nous désignait les enfants comme ceux à qui nous devions ressembler ! Or les enfants au temps de Jésus et dans la culture romaine étaient bien peu pris en considération. C’est donc chacun de nous qui doit se poser la question : qui sont les plus fragiles autour de moi ? Qu’est-ce que je fais pour eux ? Et qu’est-ce que je ne fais pas et que je pourrais faire ? C’est là que l’Eucharistie trouve tout son sens : entendre de Dieu ce qu’il espère de moi et trouver dans la communion à son corps et à son sang la nourriture pour l’accomplir !
Georges Cottin, sj


