Célébrations , Homélies et Méditations

Célébration de la Fête de la Toussaint 2020

image_pdf

Fête de la Toussaint:

Année A – 1er novembre 2020

Lectures : Ap 7, 2-4.9-14      Ps 23      1 Jn 3,1-3,      Mt 5,1-12a

Homélie

La solennité de tous les saints, nous invite à contempler la foule immense des rachetés et nous dévoile l’avenir vers lequel nous sommes en marche. Mais elle doit aussi nous rendre conscients de notre solidarité avec ceux qui nous ont précédés dans la béatitude éternelle. Vivant près de Dieu, ils sont des puissances dans nos vies. Rendons grâce pour la miséricorde de Dieu qui accueille cette multi culturalité dans sa joie, pour l’éternité.

Lorsque l’apocalypse est lue comme un segment isolé, une grande partie de sa signification se perd. Jean s’insurge contre un terrorisme d’État, contre la marginalisation sociale, économique et religieuse de ceux qui refusent de participer au système impérial romain. Les fondements physiques de la création sont ébranlés. La destruction est imminente. Une question hante les contemporains de l’auteur : « Qui peut faire face aux tribulations et à l’adversité, aux difficultés de la vie, qui peut tenir debout ? » Ceux qui ont été lavés par le sang de l’agneau. Ce sang purifie et enlève le péché, il rend la robe immaculée. La robe est un vêtement important dans la bible, elle révèle la personne et son statut. La parabole du fils prodigue nous le montre. Ce dernier reçoit une nouvelle robe, comme une indication de sa place restaurée dans la famille (Lc 15,22). Les croyants portent donc la robe blanche de pureté, et ils brandissent des palmes comme signe de victoire et de joie après des grandes épreuves.

Soutenue par cette parole d’encouragement, la minorité persécutée de l’Église du premier siècle est capable d’aller de l’avant, elle sait où Dieu la mène. Chrétiens d’aujourd’hui nous adhérons à la même logique, malgré les vicissitudes du temps et le déferlement de haine que l’on tente de nous imposer. Enfants de Dieu nous faisons tous partie d’une même famille. En célébrant la Toussaint, nous reconnaissons non seulement les saints et saintes canonisés par l’Église, mais aussi les anonymes qui n’ont jamais fait de miracles et tous les fidèles qui nous ont quittés et qui sont unis à Dieu dans la vie éternelle. Consolés et encouragés par la multitude de la vision de Saint Jean, nos prières s’unissent à celles de la communauté des saints et saintes qui nous honorent de leur présence et intercèdent pour nous.

Car le salut, la bénédiction, la gloire et la puissance appartiennent à Dieu seul. Ce message d’espérance en temps de crise, nous invite à nous libérer de nos peurs, à nous ouvrir à la charte de notre foi chrétienne, à la cristallisation de la sagesse commune aux psaumes et aux proverbes de l’Ancien Testament, à ce que les sages et les poètes d’Israël utilisaient pour célébrer les actions et les merveilles de Dieu. « Heureux qui trouve la sagesse, qui accède à la raison » (Pr3,13)

« Le juste marche droit, heureux ses enfants après lui » (Pr 20,7)

« Heureux les hommes intègres dans leurs voies qui marchent suivant la loi du seigneur ! »

« Heureux ceux qui gardent ses exigences, ils le cherchent de tout Cœur ! » (Ps.118/119:1-2)

La récitation du psautier commence avec la Béatitude suivante :

« Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la loi du seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! » ( Ps 1,1-2) C’est de cette source que Jésus s’inspire et propose les bénédictions de Dieu, qui ne sont pas des gages de réussite et de prospérité personnelle, mais des balises pour le bienêtre spirituel, individuel et communautaire. Paradoxalement les Béatitudes que proclament jésus sont à l’opposé de nos définitions culturelles dominantes sur ce qui fait le bonheur.

Les Béatitudes ne sont pas des règles de bonne conduite, elles décrivent la perfection de l’esprit de Dieu et l’essence du cœur de jésus, qui par amour s’est livré jusqu’à la mort sur la croix. Si par leur radicalité, elles paraissent hors de portée et d’atteinte, elles façonnent et forment nos vies et nous révèlent à quoi ressemble la vie du Royaume. Malgré les traumatismes et les revers de nos vies, lorsque l’égocentrisme et l’arrogance cèdent la place à la douceur et que nos malheurs nous éveillent et dilatent nos cœurs à la douleur du monde, nous nous rendons compte que de Dieu, nous tenons l’être, l’avoir et le devenir. Nous prenons alors conscience que nous sommes pauvres en esprit. Vivre les Béatitudes c’est accueillir la réponse de Dieu qui nous bénit et nous invite à la gratuité de l’amour.

Soyons donc prompts et diligents à traduire ces enseignements de l’un et l’autre testament dans nos vies. Que l’esprit de jésus par l’intercession des saints et saintes nous y aide. Amen.

Patrice Batantou sj

 

Texte de l’abbé Pierre lu à la fin de la messe.