Idée solidaire, une de plus !
Idée solidaire, une de plus !
Françoise a 82 ans. Elle vit dans une petite échoppe près de chez moi. J’ai fait sa connaissance l’année dernière, fréquentant le même boulanger. C’était avant le premier confinement. Mais déjà, au cours de nos rencontres fortuites, elle m’avait livré quelques pièces du puzzle de sa vie solitaire :
- « Mon mari est mort il y a 20 ans, victime d’un accident de la route »
- « Mon fils vit à l’étranger et n’a pas d’enfants. Il m’appelle une ou deux fois par an. Il me dit que tant que je n’aurai pas de téléphone portable, il ne peut pas plus souvent, car c’est trop cher. Moi, je n’y comprends rien à ces téléphones diaboliques et je préfère rester avec mon vieux téléphone à fil »
- « Je n’ouvre plus jamais ma porte à un inconnu car j’ai eu une très mauvaise expérience. J’attendais un médecin et c’est un type inconnu qui est arrivé, m’a fait tomber brutalement… Il n’a rien trouvé d’intéressant chez moi mais j’ai eu très peur et depuis, je ne veux plus ouvrir ma porte et puis je ne vois plus rien dans l’œil de la porte ».
Quand je passe devant chez elle, je me souviens de notre dernier échange. Ce jour, elle m’a confié : « Si au moins au milieu de toutes les pubs anonymes qui encombrent ma boîte, je recevais une lettre de mon fils…. »
Sans doute sont-ils nombreux au pays de la solitude, ces personnes qui, n’étant pas connectées à une messagerie électronique, guettent encore un message d’affection et d’amitié dans leur boîte aux lettres en dur.
Selon ce que l’on connait des goûts et des intérêts de ces voisins non connectés, glisser dans leur boîte aux lettres un message personnalisé, un dessin d’enfant, un journal, un poème, des mots croisés ou autre, leur rappellera qu’ils existent à vos yeux… Ces signes de fraternité demeurent, se relisent, se contemplent, s’affichent … Une manière de percer les nuages de la solitude.