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18ème dimanche du temps ordinaire – Fête de St Ignace –

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18 ème dimanche du temps ordinaire – année C – 31 juillet 2022

Lectures :    Qo 1,2 ; 2,21-23     Ps 89       Col 3,1-5.9-11            Lc 12, 13-21

Homélie du dimanche 31 juillet – 18ème dimanche du temps ordinaire

et fête de St Ignace, en cette année où nous fêtons les 500 ans du boulet de canon qui lui a brisé la jambe et est à l’origine de sa conversion et de son chemin spirituel qui va l’amener de Loyola à Manrèse, puis en Terre Sainte, à Paris et enfin à Rome…

            Ignace a longtemps cherché sa route… Comme le riche de l’Évangile qui se projetait dans l’avenir et espérait jouir un jour tranquillement de tout ce qu’il avait amassé, Inigo, sur son lit de convalescence à Loyola, imaginait le jour où il pourrait remarcher, accomplir des exploits militaires, et séduire par sa bravoure les dames de la cour… Mais il songeait aussi, à travers les lectures qu’il faisait, une vie de Jésus Christ et des vies de saints, il songeait accomplir comme St François ou St Dominique, des exploits pour le Christ… Et cette deuxième perspective le laissait tout heureux, dans une paix profonde et durable. Et c’est le chemin qu’il a choisi… Il s’est alors rendu à Jérusalem, en s’arrêtant plusieurs mois à Manrèse, près de Barcelone, pour mûrir son projet… C’est une période d’intenses combats, de lutte intérieure, d’hésitation, d’apprentissage de la prière…Une fois en Terre Sainte, ses projets sont à nouveau contrecarrés : il ne peut pas rester là- bas, il risque d’être pris en otage et les franciscains s’y opposent. Il rentre alors tout penaud en Espagne avec l’idée d’annoncer partout Jésus Christ, … jusqu’au jour où les dominicains l’arrêtent et le mettent en prison : de quel droit prêche-t’il , celui-là ? Quelle est sa formation ? En prison, nouvelle déconvenue, nouveau virage : oui, il faut que je me forme ! Et voila Ignace à Paris, pour de longues années d’études, dans la meilleure université de l’époque… C’est là qu’il vit en collocation avec des hommes de tous pays, un navarrais, un savoyard, un italien, un portugais… Une réelle amitié se lie entre eux, et un nouveau projet germe dans sa tête : et si nous restions amis dans le Seigneur, si nous nous mettions à la disposition du Pape pour une congrégation nouvelle, dans le monde, au service de tout ce que l’Église pourrait nous demander ? C’est comme cela qu’est née la Compagnie de Jésus, dans une adaptation constante aux circonstances, aux appels de l’Église, aux besoins du monde.

            Cet Évangile d’aujourd’hui, l’histoire de cet homme riche qui se construit un bel avenir mais que les événements rattrapent, nous rappelle à tous que Dieu se manifeste aussi dans l’imprévisible, dans une rencontre fortuite, dans la parole ou le témoignage d’un autre, dans un pépin de santé ou un appel direct, parfois même dans ce qui nous semble le hasard ! « Le hasard est la forme que Dieu préfère pour rester anonyme », disait Einstein. Alors, faut-il tout prévoir ?  Ou au contraire ne rien prévoir du tout et laisser la vie se dérouler… ? Ni l’un ni l’autre bien sûr, mais profiter de moments plus propices, des vacances par exemple, pour relire ce qui m’est arrivé, ce qui a bougé en moi ces derniers temps, ce qui me semble chemin de vie, chemin de croissance, appel à grandir, à devenir, à me tenir plus près de Dieu… Car Dieu n’a pas d’autre projet sur moi que mon bonheur, mon épanouissement, la réalisation de mes vœux les plus chers…

            Au fond ce que Dieu déteste le plus, c’est notre immobilisme, nos habitudes, nos rituels. Il est « le Dieu de la vie », le Dieu de l’inattendu, le Dieu que je peux appeler en toutes circonstances, qui entend mon mal-être et mon désir d’autre chose, et qui cherche à m’aider, par tous les moyens. Alors n’ayons pas peur de crier vers Lui, de l’associer à nos décisions, à nos choix, d’accueillir davantage sa présence à nos côtés !

Georges Cottin sj