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3ème dimanche du temps ordinaire

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3ème dimanche du temps ordinaire – année B – 21 janvier 2024

Lectures :  Jon 3,1-5.10       Ps 24          1 Co 7,29-31        Mc 1,14-20

En ce dimanche de la Parole, c’est un diacre qui a fait l’homélie et un autre qui a témoigné sur sa mission de diacre. Voici leur texte :

Homélie :

Frères et sœurs, dans les textes qui nous sont proposés ce dimanche, il est question de conversion et Saint Paul y ajoute une dimension d’urgence des temps, mais aussi d’appels de Jésus.

Je vais commencer par Jonas, qui aime Dieu et veut le suivre, mais quand Dieu lui confie une mission, convertir Ninive, le symbole parfait de l’ennemi païen pour un juif, Jonas ne veut pas, il fait tout pour se soustraire à la volonté de Dieu et part en direction opposée. Après bien des péripéties, Jonas va se retrouver à Ninive et donc va à contrecœur parcourir la ville de Ninive, et là où il faut trois jours pour la traverser, lui, il ne va en mettre qu’un seul en annonçant sans trop croire à sa mission « encore 40 jours et Ninive sera détruite ». Mais son message provoque la conversion toute entière de Ninive et Dieu renonce à son châtiment.

Mais la suite du récit (pour ceux qui ne se rappellent pas tout ce qui arrive à Jonas, je vous invite à lire ce livre de Jonas) montre que Jonas lui-même n’est pas converti. Pour lui, cela aurait été justice que Ninive soit détruite, et il aura du mal à admettre que Dieu pardonne aux habitants de Ninive. Pour Jonas, ils auraient bien mérité la sanction de Dieu à leur encontre.

Oui, il est si facile de couper le monde en deux, les bons qui ont droit au salut et les mauvais, ceux qui l’ont bien cherché et doivent être punis. Posons-nous la question pour nous-même, n’y a-t-il pas un peu de Jonas en nous ?

Ce texte doit nous interpeler chacun car il montre tout d’abord que Dieu aime tous les humains sans condition et qu’il n’attend qu’un seul geste pour nous pardonner nos péchés. Oui, le pécheur n’est jamais définitivement condamné, Dieu pardonne toujours à ceux qui se repentent et le lui demande, comme un Père plein d’amour pour ses enfants.

Les apôtres dont nous parle l’évangile auront une mission avec le même message « convertissez-vous » mais pas seulement pour éviter le péché mais pour accueillir la Parole de Dieu à travers le Christ, et cela change tout car nous pouvons entendre « croyez à la bonne nouvelle ».

Comme Jonas est allé annoncer la miséricorde de Dieu aux païens de Ninive, le message de Jésus est un message destiné à toute l’humanité. Nous avons pu le constater au moment de la naissance de Jésus puisque l’étoile qui s’est levée en Orient amènera les mages à venir l’adorer.
Dans l’évangile de ce jour, Jésus annonce la bonne nouvelle en Galilée, un lieu méprisable pour les chefs religieux, car elle voit passer tous les courants de pensée dans les caravanes qui s’y croisent.
Là, Jésus invite à croire, Il propose sans jamais imposer, il respecte la liberté de chacun et annonce le salut pour tous.
L’humanité doit donc répondre à cette offre de retour sur le chemin du vrai bonheur par la conversion et l’accueil de la bonne nouvelle. La réponse des disciples à Jésus en laissant tout pour le suivre est un acte de foi.
Et nous, nous recevons de Jésus, chacun, un ou des appels. Savons-nous les reconnaître ? acceptons-nous d’y répondre ?

Saint Paul nous dit que nous attacher au Christ n’est possible qu’en nous détachant de ce qui nous retient trop, pour accéder à l’Amour en plénitude, dont la source se trouve en Dieu.
Et Jésus nous dit « convertissez-vous et croyez en la bonne nouvelle ». Il nous invite à préparer nos cœurs à accueillir la bonne nouvelle de ce Dieu qui vient par Amour à la rencontre des humains pour les sauver, car cette bonne nouvelle ne peut être bonne que si elle est annoncée à tous, si elle est proclamée pour se répandre de par toute la terre. Oui, on ne doit pas garder une aussi bonne nouvelle que pour nous, nous devons la partager.
Alors, vous allez me répondre, c’est facile à dire ! nous le savons bien, nous le vivons au quotidien, il n’est pas si facile de proclamer cette bonne nouvelle. Pas si facile de dire sa foi autour de soi, dans ce monde qui cherche son salut dans des valeurs illusoires, dans des idéologies vides et qui ne sauvent pas.
Mais ce monde pourtant est en attente, et Jésus est avec nous. Il nous l’a promis, alors ne laissons pas s’endormir notre foi qui chaque jour devrait être renouvelée, comme disait le Père Zundel « que Dieu vous soit neuf chaque jour »
Suis-je attentif pour envisager une nouvelle journée avec Jésus Christ, en Lui faisant confiance pour aborder avec Lui les difficultés qui ne manqueront pas ?
Suis-je disponible à son Esprit Saint pour regarder avec le regard du Christ les personnes et les événements qui me seront donnés de vivre ?
N’oublions pas que, comme les premiers apôtres de l’évangile, Jésus veut faire de nous des « pécheurs d’hommes », mais aussi des artisans de paix, et n’oublions pas que la plus grande qualité de ces premiers apôtres est d’avoir cru en sa Parole.

Alors goûtons et accueillons cette Parole pour que nous devenions toujours plus proche de Jésus, pour, le jour venu, pouvoir aller avec Lui vers notre Père

Je vous invite à faire vôtre le thème que le MEJ a choisi pour cette année. « Il t’appelle à marcher sur ses pas », car comme les disciples, nous sommes tous appelés par le Christ, mais tout appel demande une réponse de notre part et pour cela nous devons nous mettre en marche, je dirai même une double marche, une marche physique, pour aller rejoindre son groupe ou son équipe paroissial, aller à la messer, aller à un groupe biblique, se former pour la mission…etc… pour ensuite se poser et se mettre en marche spirituellement, par l’écoute de la Parole de Dieu, pour accueillir le Christ dans l’eucharistie ainsi que dans la prière, sans oublier dans la rencontre fraternelle.

Alors je vous souhaite à tous une très belle et bonne marche avec le Christ, sous la lumière de son Esprit Saint pour aller vers notre Père et qu’ensemble nous lui disions ABBA Père, je t’aime.

Amen

Cyrille Champied, diacre

Témoignage :

Votre curé m’a demandé de témoigner sur ma mission de diacre en 3 mn..

J’ai été ordonné en juin 2021 et envoyé dans la paroisse des collines de Quinsac et comme aumônier de prison à Gradignan.

L’aumônerie de prison est un lieu où nous faisons l’expérience que la miséricorde de Dieu et sa force de recréation sont plus fortes que mon moralisme.

Le diacre est ordonné au service de la Parole, de la Liturgie et de la charité.

Nous participons à la liturgie, mais avec ou sans diacre, la messe est dite.

Nous participons au service du frère, mais au titre de notre baptême. En tant qu’aumônier de prison, je vis ma mission comme les autres membres de l’équipe.

Nous pourrions dire que finalement nous ne servons pas à grand-chose.

 Alors la question qui a plus de sens : qui servons-nous ? Nous servons le Christ et son Église en rappelant sans cesse la dimension du Christ serviteur.

 Souvent nous faisons référence à Mathieu 25 pour rendre compte du ministère du diacre : j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi. Nous sommes sur le critère de jugement à la fin des temps. La question est comment vivre cela ici et maintenant ?

 Personnellement je me base sur Mathieu 22 : L’amour de Dieu, l’amour du prochain, De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. Le commandement de l’amour de Dieu est semblable au commandement de l’amour du prochain.

Si je suis capable d’aller en prison, c’est parce que je suis nourri de l’amour de Dieu et de sa loi. La rencontre du frère blessé me fait vivre l’expérience de la rencontre où le Christ me précède et m’ouvre à l’amour de Dieu.

 Le moment qui manifeste le plus cela dans la liturgie me parait-être l’envoi qui n’est pas une fin mais un commencement : nourris par la parole de Dieu et par l’Eucharistie dans une communion fraternelle, vous avez la force d’aller dans le monde pour vivre et annoncer l’évangile et son royaume de justice et de paix.

 Cela renvoie aux réflexions sur le festival de la diaconie en juin prochain dans notre diocèse : comment inviter les paroissiens à vivent la diaconie comme chemin de conversion.

Lors d’une rencontre de préparation de ce festival, Mgr James nous a partagé, « lors d’une célébration récente que j’ai effectuée en prison, j’ai ressenti combien l’évangile prend là un reflet extraordinaire »

 Dans nos évangiles, qui accueille spontanément le Christ ?

N’est-ce pas ceux qui ont l’expérience de l’humiliation et de la mort ?

 Je vois aussi mon ministère comme un rappel que les trois services de la Parole, de la Liturgie et de la charité sont indissociables car chacun nourrit et sert de référent aux deux autres. Chaque fois qu’il y a eu crise dans l’Église, il y avait déséquilibre entre ces 3 missions.

 J’espère que vous avez compris à ce partage que je suis un diacre heureux dans mon ministère.

Xavier Delval, diacre