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6ème dimanche du temps ordinaire

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6ème dimanche du temps ordinaire – année B – 11 février 2024

Lectures :  Lv 13, 1-2.45-46      Ps 31          1 Co 10,31 à 11,1        Mc 1,40-45

 

La lèpre, cette maladie terrible qui fait encore des ravages dans le monde… Elle est terrible parce qu’elle vous ronge… En plus beaucoup croient qu’elle est contagieuse et vous fuient, vous isolent, vous parquent dans de véritables prisons. Double peine pour les pestiférés, qui n’ont rien demandé à personne, et qui se trouvent ainsi totalement relégués…

C’était déjà vrai au temps du Christ, peut-être de manière encore plus terrible parce que on imaginait qu’elle était une punition de Dieu, un châtiment…

Jésus s’est élevé la-contre, vigoureusement ! Il est allé au-devant des lépreux, il les a touchés, il s’est laissé toucher, il les a guéris et leur a permis de retrouver place dans la société…

Tout ceci peut nous paraître lointain. Loin du Christ, loin des pays où la lèpre sévit encore…Pourtant ne sommes-nous pas nous aussi atteints de lèpres multiples qui nous rongent et nous isolent ? Par exemple la jalousie. Ou l’appât du gain. Ou la soif de réputation, la paresse ou le découragement… Ces lèpres-là aussi le Seigneur est venu les guérir. Il ne peut supporter de nous voir nous décomposer, nous isoler, nous enfermer dans notre chagrin ! Il nous supplie de demander la guérison… Comme s’il nous disait : « que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Et demander, comme nous l’avons souvent dit ici, c’est entrer en relation. Il y a des gens à qui on ne peut rien demander, on est sûr d’avoir un refus ! Ce n’est même pas la peine d’essayer ! Alors que le Christ, on peut tout lui demander, et il nous y encourage même ! « Demandez, vous obtiendrez ! Quand bien même une mère oublierait ses petits, mon Père qui est aux Cieux, lui, vous exaucera ! »

Alors qu’allons-nous lui demander ? Peut-être pas des choses qui dépendent de nous, comme une réussite à un examen, une réconciliation, un goût retrouvé pour la prière… ni des choses qui pourraient nuire à mon prochain comme la pluie pour mon jardin quand lui a besoin de soleil pour son bronzage, mais des choses difficiles… que nous ne réaliserons pas tout seuls !

Et bien, justement, aujourd’hui il y a des personnes parmi nous qui ont demandé à recevoir le Sacrement des malades. Voila une belle chose que nous pouvons réclamer, pour elles, pour nous ! « Seigneur, viens m’aider à traverser la maladie, rends moi fort en face du mal, et, si tu le veux bien, guéris-moi comme tu as guéri le lépreux, le muet, le paralysé, le possédé… Mais comme tu voudras, quand tu voudras ! » Saint Ignace ajoutait : « pourvu que ce soit pour ta plus grande gloire… »

 

Je laisse la parole à Sophie qui va nous dire dans quelle disposition elle demande à recevoir avec d’autres le sacrement des malades…

Reconnue malade avec un problème au cœur à 35 ans, je tenais à témoigner aujourd’hui d’une rencontre avec le Seigneur. Femme, mariée avec joie depuis 32 ans, mère de 4 enfants, enseignante dans le service public auprès de ceux qui ont du mal à apprendre, c’est la maladie qui m’a conduit à reconnaître la présence quotidienne du Seigneur dans ma vie. Ce n’était pas un chemin de Damas (la conversion de Paul, l’apôtre) mais plutôt un parcours Emmaüs (quand les deux disciples de Jésus quittent Jérusalem après Pâques et ne le reconnaissent qu’à la fin quand ils sont prêts), une découverte longue et progressive.

Vers 40 ans, j’étais tellement mal : extrême fatigue et problèmes au travail que j’ai eu des pensées suicidaires. J’allais au groupe de prière charismatique désespérée et en ressortais calmée physiquement pour la semaine mais je n’arrivais pas à parler avec le Seigneur. Quand, lors d’une retraite avec les exercices de Saint Ignace, j’ai entendu clairement : « Tu es ma fille bien aimée, en toi j’ai mis toute ma joie » et j’ai été guérie. Ensuite, j’ai appris à prier quotidiennement, à écouter le Seigneur. Son amour est tellement fort et puissant qu’il est un mystère, une vie n’est pas suffisante pour le découvrir. L’amour d’Arnaud m’en montre un grand pan, celui de nos enfants aussi et le vôtre également mais il est encore plus grand, plus profond que l’océan.

Dernièrement, j’en découvre une autre facette. Mon état de santé s’est aggravé. Quand je l‘ai réalisé, c’était brutal. La peur s’est emparée de moi. Elle m’a paralysée : j’ai arrêté de prier, je n’y arrivais plus. Mais le Christ ne m’a pas laissé tomber. Cela a commencé par une question d’un oncle très anti clérical (Hé oui le Seigneur a de l’humour). Alors que je lui disais que je devais me faire opérer 2 fois, il m’a demandé si je n’avais pas peur. Sur le coup, j’ai répondu non, puis j’ai réalisé que j’avais peur, que j’étais complètement figée, tétanisée.  Et alors là, Jésus a envoyé l’artillerie lourde, une armada pour me brûler de son amour.

Il y a 15 jours, j’entends à la messe qu’il y aura un sacrement des malades mais je ne me manifeste pas. Je l’ai déjà reçu : orgueil quand tu nous tiens! Jeudi dernier, je passe devant l’église. Par gourmandise pour aller chercher des guimauves au chocolat, il pleut de plus en plus et je réalise qu’à cette heure on peut demander le sacrement de réconciliation. J’entre pour le recevoir… mais je n’ose pas parler du sacrement des malades. Le soir, des membres de la communauté du Chemin Neuf dînent à la maison et me proposent de prier pour moi. Je réponds oui mais il est tard, rien n’est fixé.

Vendredi matin, j’envoie un mail à Georges (curé de la paroisse) pour demander le sacrement des malades, il m’appelle et dit que c’est possible. Je lui propose de témoigner. En raccrochant je me demande ce qui m’a pris. Je suis morte de trouille et je vais témoigner… Marie Noël, religieuse au Chemin Neuf m’envoie un message pour prier samedi matin.

Enfin, là avec des frères et sœurs, c’est Ephata ! Je comprends que le Seigneur est là grâce à vous, mes chers sœurs et frères ! La grâce, le feu de mon baptême, c’est vous qui m’armez pour terrasser la peur. Merci pour eux, mon Dieu ! Le 13 février et le 7 mars, grâce à vous je suis armée, je suis aimée. Louange à Toi Seigneur ! Je n’ai plus peur ! Que Ta volonté soit faite car je sais maintenant qu’elle ne sera qu’amour infini.