Méditations ou célébrations

Lundi de Pâques, le 13 avril 2020, Mt 28, 8-15, par P. Joseph LACRETELLE sj

image_pdf

 

Les femmes, Marie de Magdala et l’autre Marie, sont  venues au petit matin visiter le sépulcre où avait été déposé le corps de Jésus.

Et voici qu’il se fit un grand tremblement de terre. Et l’ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre sur laquelle il s’assit. Les femmes entendent la voix de l’ange : « ne craignez pas, je sais bien que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici : car il est ressuscité comme il l’avait dit. Venez voir le lieu où il gisait, et vite allez dire à ses disciples « il est ressuscité d’entre les morts, et voilà qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez ».

C’est alors que Marie de Magdala et l’autre Marie, quittant le tombeau, toutes émues et pleines de joie partent porter la nouvelle aux disciples. Recueillant en elles la parole qu’elles viennent d’entendre :

Ne craignez pas ! n’ayez pas peur, faites confiance, ne vous appuyez pas sur votre seule force, pour une œuvre qui n’est pas à la mesure de votre seule compréhension et de vos seules forces, mais qui sera l’œuvre de Dieu avec vous et en vous ; ne craignez pas, pour accomplir la mission qui vous est donnée et dont vous êtes chargées.

Marie Madeleine et l’autre Marie sont profondément émues, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie.  De crainte : sentiment d’être devant une réalité qui les dépasse, hors du domaine des réalités ordinaires, pressentiment de se trouver en présence de l’action du Tout-Autre que soi. Et d’une grande joie, exultation et jaillissement intérieur où le plus profond de soi est comblé et se ressent comme étant source de dynamisme de vie profonde.

Marie de Magdala et l’autre Marie courent porter la nouvelle aux disciples, toutes transformées intérieurement par le message qu’elles ont reçu et qu’elles sont chargées d’annoncer. Mais voici que soudain, sur leur chemin, Jésus en personne vient à leur rencontre. Alors elles ont à son égard  les gestes des vrais disciples, elles s’approchent et se prosternent,… saisissant ses pieds et constatant ainsi qu’il est bien vivant. Et Jésus confirme leur mission : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée, c’est là qu’ils me verront. »

L’ange avait dit aux femmes : « Allez dire à ses disciples  « il est ressuscité d’entre les morts », mais Jésus, qui les rencontre sur le chemin leur dit : allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront ».

Chers frères et sœurs, en ce jour du lundi de pâques nous voici invités à prendre une conscience plus vive de ce que Jésus est pour nous et de ce que nous sommes pour lui. Et de ce que, à cause de cela , nous sommes les uns pour les autres : Lui, le fils éternel de Dieu le Père, il est venu dans notre chair, il s’est fait l’un de nous pour nous offrir de partager sa vie divine,  vie d’amour infini, partage de ce qu’est Dieu en lui-même. Et il est le chemin ; il est vraiment le maitre que nous devons suivre en fidèles disciples. Mais d’une certaine manière il reste entre nous et lui comme un distance infinie.

Or, par le don total de lui-même pour nous sur la croix il nous introduit plus avant dans sa vie qui n’est qu’amour. Il nous offre de prendre part, en accueillant le don de son Esprit saint, à ce qu’il est depuis toujours au cœur de la trinité sainte : sa vie de fils. Il nous joint à ce qu’il est et il fait de nous ses frères et ses sœurs, et de nous tous vivants de sa vie, des frères et des sœurs, en lui, Jésus ressuscité. C’est pourquoi aux deux femmes en route pour aller trouver les disciples il dit : allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront.

Il nous est bon de pouvoir goûter intérieurement les sentiments intimes de Jésus. Comment il s’est fait frère de chacun d’entre nous à travers tout ce qu’il a vécu, à travers toutes les relations qu’il a eu avec les gens qu’il a rencontrés.

Le Fils éternel de Dieu le Père n’a pas fait semblant d’être l’un des nôtres, il n’a pas pris notre condition humaine de manière superficielle, non il l ‘a vécue dans toute son ampleur, il n’a pas évité la mort, mais il a partagé ce moment de nos vies humaines en le vivant dans les conditions dramatiques que nous font connaitre les évangiles, et sur le plan physique et sur le plan des relations humaines. Il nous a vraiment rejoint jusque dans les plus extrêmes situations qu’il peut nous arriver de vivre ; et il nous a rejoints sans aucune haine et jusqu’au pardon le plus profond dans ces situations mèmes où il peut nous arriver de nous mettre en contradiction totale avec l’appel qui nous est fait de faire vivre notre humanité pour le bien de tous. C’est jusqu’à ces profondeurs que jésus s’est lié au parcours de nos vies : pour nous sortir de ce qui empêche la vie véritable et nous donner de trouver la vie véritable en accueillant sa vie à lui. Oui, vraiment il s’est fait notre frère, et nous pouvons nous adresser à lui comme étant notre frère ! Oui lui, le maitre de qui nous sommes les disciples, s’est fait notre frère. En lui nous découvrons ce que c’est que d’être frères et sœurs les uns des autres, et nous sommes appelés à le vivre. Que cela puisse nous remplir de reconnaissance et de joie d’être ainsi aimés par Dieu et d’essayer, avec sa grâce ,de répondre à son appel.

Pour alimenter ma prière, je peux en présence de cet amour de Dieu pour nous et à sa lumière, me demander, de quelle manière m’appelle-t-il actuellement à à être porteur de son amour qui fait de nous des frères ? porteur de ce message ?

P. Joseph LACRETELLE sj