Vendredi saint – Office de la Passion – année C – 18 avril 2025
Vendredi saint – Office de la Passion – année C – 18 avril 2025
Lectures : Is 52, 13 – 53, 12 Ps 30 He 4, 14-16 ; 5, 7-9 Jn 18, 1 – 19, 42
Les récits évangéliques de la Passion du Christ n’ont pas été écrits pour provoquer en nous des émotions, mais bien pour fonder notre foi au Christ, vainqueur du mal et de la mort, salut de tout homme en ce monde.
Jean a agencé son récit de la Passion du Christ comme une proclamation de sa royauté manifestée dans la souffrance du Serviteur. Jésus est vraiment le Messie d’Israël, comme l’indique l’écriteau de Pilate : “Jésus de Nazareth, roi des Juifs”, cloué par dérision sur la croix du supplicié. La mort de Jésus sur la croix manifeste sa victoire. C’est ce que l’évangéliste a voulu dire et il le manifeste tout au long de son récit.
Mais je veux retenir l’invitation au silence qui nous est faite par le Christ en ce vendredi.
Lorsque Jésus meurt en croix, les bruits, les cris et les mensonges laissent la place au silence. La mort de Jésus vient faire taire la méchanceté et la lâcheté des hommes . “Tout est accompli” ( Jean 18,30 ). Soudain, un silence règne. Celui de la consternation de cette multitude dont nous a parlé Isaïe face à cet homme défiguré qui ne ressemblait plus à un homme. Celui d’une prise de conscience de jusqu’où l’homme est capable d’aller par jalousie et par orgueil.
Mais ce silence de mort dans lequel le Christ Jésus est plongé est pourtant déjà le lieu même d’une victoire annoncée. C’est le silence précédant l’oeuvre de la création de Dieu dans le livre de la Genèse. C’est le silence d’où jaillissent des paroles d’encouragement, celles de Jésus pour la femme adultère :”Moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pèche plus” ( Jean 8, 11 ).
Il y a des silences qui annoncent déjà la vie, des silences chargés d’espérance, des silences qui sont des preuves d’amour. Le silence du Christ en croix n’est pas un silence de tristesse et de fin mais un silence de confiance en Dieu son Père.
Le Christ ce soir nous invite à un tel silence, à nous tenir en silence aux côtés de ceux qui souffrent , à garder le silence face à l’absurdité des humains, à goûter le silence qui est un lieu de paix .
Le monde a tant besoin de silence pour renaître à nouveau. Nos vies ont tant besoin de silence car c’est là avec le Christ que se reçoit une espérance plus forte que tout.
Voilà ce que nous sommes appelés à contempler ce soir en venant vénérer la Croix du Christ. Cette Croix porte l’homme des douleurs et nous propose le Christ vainqueur du mal et de la mort.
Après avoir vénéré la Croix, nous irons humblement recevoir le Corps du Christ.
Jean-Jacques Guillemot sj et l’EAL Ignace