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Témoignage du 4ème dimanche de l’Avent

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L’un croit, l’autre pas

 

Dans le cadre de la pastorale familiale développée par les jésuites, est née la proposition « L’un croit, l’autre pas, comment cheminer ensemble ? ».

Un couple et un de leur ami prêtre sont à l’initiative de cette idée. Elle est très croyante, lui très engagé dans son athéisme, leur ami jésuite, intelligent et à l’écoute du monde. A trois, ils ont décidé de proposer aux couples aux chemins spirituels différents, l’un s’affirmant chrétien, l’autre non, le temps d’un week-end, d’entrer dans la réflexion et d’avancer pour grandir en couple et individuellement.

Nous étions ensemble depuis quelques temps avec Guillaume et il faut dire que cette question en était vraiment une, sur lequel je butais régulièrement : comment construire une relation durable et solide avec un non croyant, moi chrétienne pratiquante, comptant résolument vivre dans la foi catholique ? Était-ce simplement possible ?

Guillaume avait aussi ses questions : quelle place cette foi qui était la mienne occuperait-elle dans notre couple ? Pourrions-nous un jour nous marier à l’église, sans avoir à dire des choses ne correspondant pas à la réalité ?

La question était sérieuse et importante pour nous deux, il était évident que cette différence ne pouvait être relayée au rang d’accessoire.

Nous avons alors décidé de faire un week-end « l’un croit, l’autre pas, cheminer ensemble ». Les questions se multipliaient à l’approche et c’est assez inquiète que j’abordais ces deux jours : Comment l’Eglise accueillait-elle vraiment cette configuration ? Allions nous tomber sur de l’évangélisation déguisée ? Serions-nous en capacité de parler intelligemment et finement de ce sujet, sans édulcorer ma foi ou son absence de foi ? Guillaume allait-il simplement rester jusqu’au dimanche soir ?

Ce week-end a commencé par la phrase, à peu près, suivante : bien que nous soyons dans un centre spirituel jésuite, ce ne sont pas les croyants qui invitent les non-croyants ce week-end, que chacun soit sûr que ses convictions seront respectées, avec la même intensité et la même attention.

Cet apprentissage de cette écoute bienveillante, de cet égal respect et du nécessaire ajustement à l’autre, ont guidé ce week-end. Comment faire pour que ma foi ou mon absence de foi me permette de rencontrer plus profondément l’autre et non de me durcir, d’être indifférent ou de me fossiliser ?

Au travers de témoignages, d’échanges, de moments de relecture personnelle, en couple, en groupe, ce week-end m’a permis de totalement changer mon regard sur ce qui paraissait jusqu’alors être un vrai problème. Notre différence de croyances pouvait être un heureux défi et un appel comme couple, à la rencontre de l’autre, au questionnement et au cheminement continu.

Comme croyante, oui, cela pouvait être un moyen de creuser et d’approfondir ma foi et non d’y renoncer, et un appel à suivre ce Jésus, parti à la rencontre de la Samaritaine, de la Syro-phénicienne, de ce Jésus passant « sur l’autre rive », là-bas chez les non-croyants, pour sortir d’un judaïsme entre soi.

Je suis partie de ce week-end pleine d’énergie et de paix, avec la volonté de mieux savoir restituer ma foi, de vouloir découvrir les croyances de Guillaume et de faire ce long et patient travail de l’apprentissage mutuel, sans position fermée ou définitive, sans volonté de convaincre l’autre.

A l’issue du week-end, nous voulions tous les deux, continuer à creuser ce qui nous paraissait être un envoi. S’est alors monté un groupe de réflexions à l’année de 4/5 couples croyant/non croyant, avec un accompagnateur spirituel ouvert, ayant pour objectif, avec d’autres de réfléchir, de continuer de chercher ensemble, de nous soutenir et de nous stimuler les uns les autres, couples de tous âges, dont « l’un croit et l’autre pas ».

Les groupes se sont multipliés et un s’est monté cette année à Bordeaux. A travers des témoignages, des textes de penseurs, de réflexions, croyants, comme non croyants, nous réfléchissons ensemble sur des thèmes aussi variés, que « notre rapport à la nature », « tes croyances, mes croyances », « et les enfants dans tout cela ? ». Nous essayons d’y apprendre l’écoute bienveillante et de réfléchir, en couple de tout âge et en groupe, à cette différence de spiritualité, afin de grandir et faire grandir l’autre sur le chemin qui est le sien, étonnamment et merveilleusement différent du mien.

Louise