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28ème dimanche du temps ordinaire

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28ème dimanche du temps ordinaire– année A- 15 octobre 2023

Lectures :   Is 25,6-9    Ps 22   Ph 4,12-14   Mt 22,1-14

    « Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ».

Cette phrase nous étonne et nous reste peut-être en travers du cœur. En serait-il comme de ces immigrés clandestins qui fuient leur pays pour en atteindre un autre où ils espèrent trouver une vie meilleure, et dont bon nombre périssent en mer ou bien sont refoulés aux frontières ?
Le Royaume des cieux comporte-t-il des exclus, à l’image de notre monde présent ?

Notons d’abord qu’il s’agit d’appelés. En effet, ce ne sont pas les invités qui prennent l’initiative de venir. C’est le roi qui invite et appelle. Ces personnes – nous tous – sont tellement désirées qu’elles sont invitées avec insistance et répétition : le roi – Dieu lui-même – fait tout ce qu’il peut pour qu’elles viennent. Si certaines récusent  l’invitation, celle-ci se fait alors plus large : « Allez donc aux croisées des chemins ». D’ailleurs l’évangile de Matthieu se termine par cet ordre du Christ : « Allez ! De toutes les nations, faites des disciples ». Rien ne peut mettre en échec le projet de Dieu.

Pourtant nous voyons que les premiers invités refusent, de leur plein gré,  de venir et d’accueillir le don qui leur est fait. Ce n’est pas le roi qui les récuse mais ses appels ne sont pas reçus et ne reçoivent pas la réponse attendue . Ses appels sont des appels de vie et d’amour et seuls l’amour et le don de la vie peuvent y correspondre.

Finalement cette double parabole est là pour nous réveiller, pour nous secouer, pour nous inviter instamment à accueillir le don de Dieu. Il y a une certaine urgence car en Jésus tout est accompli …
Puisque les premiers appelés n’ont rien voulu entendre, « les mauvais comme les bons » sont rassemblés dans la salle des noces. Mais pour ceux-là, comme pour les premiers, il n’y a pas d’automatisme. Si l’amour ne répond pas à l’amour, au lieu des noces et de la communion, c’est le rejet dans les ténèbres du dehors.

Alors le projet de Dieu est-il mis en échec par le refus des premiers et par l’inadéquation de celui qui n’a pas l’habit de noces ? Y-a-t-il vraiment des exclus du Royaume ?

   « Beaucoup sont appelés, peu sont élus ».

Il y a là un mystère, – un mystère du jeu de la grâce et de notre liberté – que nous ne pouvons que remettre à l’Amour infini du cœur de Dieu. L’Amour ne peut être le fait que d’êtres libres. Telle est notre condition : nous sommes libres. Nous avons le pouvoir d’accueillir ou de refuser l’amour. Dieu ne veut ni des robots, ni des esclaves. Dans la réponse que nous donnons, nous engageons notre liberté. Mais en même temps l’amour de Dieu vient nous sauver de tous nos choix erronés, de tous nos replis sur nous-mêmes et sur les idoles que nous nous fabriquons. Il nous sauve de tous nos choix mortifères. Il donne sa vie pour sauver et réconcilier ceux-là mêmes que le refus plonge dans la mort.

En Jésus l’alliance divine se déploie entièrement. L’eucharistie est une table ouverte : tout être humain est invité et aspire à être rejoint par chacun de ses frères . Tel est le sens profond de l’évangile de ce dimanche, – celui de l’alliance de Dieu avec l’humanité quand elle accepte d’entrer dans une démarche de salut.

 

                  Jean-Jacques Guillemot sj en lien avec l’EAL St  François et le DUEC