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Dimanche des Rameaux

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Dimanche des Rameaux- année C – 10 avril 2022

 

Lectures :   Procession : Lc 19,28-40         Messe :  Is 50, 4-7          Ps 21             Ph 2,6-11                  Lc 22,14 à 23,56

 

 

                   Je m’adresse particulièrement à ceux qui cherchent quelle peut être la vraie place d’un prêtre dans l’Eglise Catholique… et l’Evangile de l’entrée triomphale de Jésus Christ dans la ville de Jérusalem suivi du récit de la Passion m’en donne l’occasion. La foule présente au Jardin des oliviers acclame le Seigneur… et réclame sa mort quelques jours plus tard. Est-ce la même foule ? Peut elle être manipulée à ce point ? Parmi qui est-ce que nous nous serions nous rangés ces jours-là ? Je vous invite donc à une petite réflexion sur le rôle et la place du prêtre…

Jésus entre à Jérusalem sur un petit âne… comme Salomon, le fils du Roi David, qui vient recevoir la royauté de son père monté sur une mule.   Il aurait pu venir à cheval ou assis sur un char comme un empereur ! Non, il vient vers nous, parmi nous, comme quelqu’un de simple, d’humble, de modeste…

Que vient-il faire à Jérusalem ? Offrir sa vie ! Il sait bien qu’on cherche à le faire mourir, mais il sait aussi que beaucoup de gens s’interrogent à son sujet, cherchent à le comprendre, à le connaître… Alors il vient leur parler, les écouter, les consoler, leur rendre espoir. Il vient servir. C’était marqué en grand sur une banderole à l’entrée de notre Église : aimer et servir, mais le vent a emporté le tissu ! Aujourd’hui encore les vents sont parfois contraires !

Dans cette petite phrase, aimer et servir, tout est dit de la vie de Jésus ! Il est venu parce qu’il nous aime, et il vient nous servir, c’est-à-dire nous aider à grandir, à avancer dans la vie, à devenir chaque jour un peu plus un homme, une femme, selon son cœur.

Tous les gens qui écoutaient Jésus, ses disciples, la foule, les Pharisiens, et même les Romains, étaient surpris des paroles qui sortaient de sa bouche. Ils s’étonnaient : « qui est cet homme qui parle avec autant d’autorité ? »

Autorité, cela ne veut pas dire pouvoir ou puissance. Autorité, ce mot vient d’un verbe latin « augere » , qui veut dire : augmenter, faire grandir ! L’autorité d’un bon prof ou d’un bon médecin, c’est qu’il est capable de bien tenir sa classe, de bien soigner ses malades… Il n’y a pas de chahut ou de mécontentement. Le bon pro passionne, le bon médecin rassure. Cela existe, des gens comme eux, et on les aime bien parce que grâce à eux on découvre le monde, on trouve sa place, on respire.

Jésus parlait avec autorité, et il racontait plein d’histoires qu’on a appelées des paraboles, c’est-à-dire qu’il prenait des exemples qu’il avait sous les yeux, un bel arbre chargé de beaux fruits, un homme blessé sur le bord de la route, un fils qui réclamait sa part d’héritage, pour faire comprendre des choses essentielles sur la bonté de Dieu, le sens de la vie, l’amour du prochain… Et on l’écoutait, médusés, parce qu’on le comprenait.

Mais ensuite il a été jusqu’au bout de ce qu’il enseignait, il n’a plus parlé, il s’est laissé faire, il nous a laissé libres de l’accueillir ou de le rejeter… et on l ’a cloué sur une croix, entre deux brigands.

Il avait pris soin auparavant de former tout particulièrement ses disciples. Il en avait choisi douze, des gens bien modestes, bien fragiles : Judas qui va le trahir, Pierre le renier, Thomas ne pas le reconnaître…  Ils se disputaient souvent entre eux, ils voulaient les meilleures places, les plus grands honneurs. Et pourtant Jésus leur fait entièrement confiance. Il leur demande de suivre son exemple, d’aimer et de servir à leur tour. Et nous sommes, nous les prêtres, leurs successeurs, bien fragiles comme eux, au service d’une communauté, avec cette lourde charge de transmettre l’Évangile et cette formidable promesse : « je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Alors accueillez-nous comme nous sommes, avec nos dons et nos pauvretés, et rappelez-nous à l’ordre si nous manquons à notre charge !

Georges Cottin sj