Célébrations , Homélies et Méditations

Samedi le 14 novembre 2020, Lc Lc 18, 1-8, par P. Claude CHARVET s.j.

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Samedi le 14 novembre 2020, Lc Lc 18, 1-8, par P. Claude CHARVET s.j.

Toujours prier!

 

Pistes pour la prière samedi 14 novembre 2020

Luc 18, 1-8 Parabole pour PRIER SANS SE DECOURAGER ou la prière de chaque instant. Toujours prier…

L’invitation à la prière de chaque instant  en temps de confinement n’est pas inaudible même si elle n’est pas simple à accomplir : on est déjà tellement contraint par les gestes de distanciation, les masques, l’interdiction des rassemblements de plus de 6 personnes…que la pression sur la vie quotidienne est déjà forte et le temps de prière difficile à trouver…Pourtant, Jésus choisit une parabole dramatique où l’on peut désespérer des hommes et de la justice, comme on pourrait désespérer des patrons qui n‘entendent plus les ouvriers, les oppresseurs qui ne voient plus les opprimés, les médecins qui ne respectent plus leurs malades, les prêtres qui ne sont plus à l’écoute de leurs paroissiens… C’est à désespérer de tout, et de Dieu, et des hommes…

Ce juge arbitraire, qui ne craint ni Dieu et ne respecte personne, qui trouve son plaisir à dire non, est peut-être la caricature du pouvoir administratif de la force romaine occupante et le poids rigide des fonctionnaires païens… Un jour, enfin il laisse une petite ouverture et trouve insupportable la demande répétée de la veuve insistante : « je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer ». Il n’a rien d’altruiste, il se renferme dans son cocon pour être tranquille dans une non-relation… Il veille aussi à ne pas perdre sa réputation de juge, même s’il ne rend plus la justice envers les plus vulnérables dans la société : la veuve et l’orphelin.

Bizarrement, c’est Jésus qui donne clairement le sens de la parabole : Luc l’appelle le Seigneur, c’est-à-dire la façon dont les chrétiens, après la résurrection, appellent Jésus. C’est une comparaison en opposition entre le juge dépourvu de justice et Dieu son Père sur son trône du Jugement dernier dont parle Matthieu dans le chapitre 25…Les images de son Père qu’il nous présente sont fortes :

  1. Il fait justice à ses élus : « Venez les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume t préparé pour vous depuis la fondation du monde»
  2. Il entend ceux qui crient vers lui jour et nuit. « Shema Israël, Adonaï elohenou, Adonai Erad» Il entend cette prière journalière et ses entrailles frémissent, comme celle d’une mère pour ses enfants qui appellent.
  3. Bien vite, il leur fera justice : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis » dit-il au bon larron qui meurt à côté de lui sur la croix.

L’opposition entre le juge sans justice et  Dieu le Père de Jésus-Christ est totale…et oblige notre prière de chaque instant à se transformer, à trouver en soi constamment une ouverture, des mots, un geste, un don de soi, ou tout simplement une main ouverte à la veuve et l’orphelin, un moment gratuit pour accueillir un voisin, un frère, un coup de téléphone ou une visite à quelqu’un qui sort de maladie…

Mais la dernière phrase de notre texte est très inquiétante : « Le fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Tout se passe comme si c’était le confinement nous refermait complètement sur nous-même, angoissé par les discours scientifiques qui veulent plus de fermeté, enfermé chez nous avec nos attestations de déplacement dérogatoire que nous n’arrivons plus à remplir, en colère contre ceux qui ne portent pas de masque et ne font pas les gestes-barrière, cherchant mystérieusement quel complot nous rend la vie si désespérée… Au fond, c’est peut-être la veuve qui demande justice qui peut nous redonner la foi en nous-même, en les autres, en Dieu… C’est la veuve qui nous remet sur le chemin d’une rencontre personnelle avec Jésus et son Père…

QUI DONC EST DIEU POUR NOUS AIMER AINSI ?

  1. Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi Fils de la terre ? Qui donc est Dieu si démuni, si grand, Si vulnérable ?
  2. Qui donc est Dieu pour se lier d’amour À part égale ? Qui donc est Dieu, s’il faut pour le trouver, Un cœur de pauvre ?
  3. Qui donc est Dieu, s’il vient à nos côtés Prendre nos routes ? Qui donc est Dieu, qui vient sans perdre cœur À notre table ?
  4. Qui donc est Dieu, que nul ne peut aimer S’il n’aime l’homme ? Qui donc est Dieu, qu’on peut si fort blesser En blessant l’homme ?
  5. Qui donc est Dieu pour se livrer perdant Aux mains de l’homme ? Qui donc est Dieu, qui pleure notre mal Comme une mère ?
  6. Qui donc est Dieu, qui tire de sa mort Notre naissance ? Qui donc est Dieu pour nous ouvrir sa joie Et son royaume ?
  7. Qui donc est Dieu pour nous donner son Fils, Né de la femme ? Qui donc est Dieu qui veut, à tous ses fils Donner sa Mère ?
  8. Qui donc est Dieu pour être notre pain À chaque Cène ? Qui donc est Dieu pour appeler nos corps Jusqu’en sa gloire ?
  9. Qui donc est Dieu ? L’Amour est-il son nom et son visage ?Qui donc est Dieu qui fait de nous ses fils à son image ?

Texte de Jean Servel.