Jeudi-Saint – La Cène –
Jeudi-Saint – année B – 28 mars 2024
Lectures : Ex 12,1-8. 11-14 Ps 115 1 Co 11,23-26 Jn 13, 1-15
Homélie
Aujourd’hui l’Église nous propose le récit de repas, que ce soit avec la première lecture, dans le livre de l’Exode, qui nous décrit les prescriptions concernant le repas pascal : « que l’on prenne un agneau par famille … » ou bien avec saint Paul qui nous fait part de l’institution de l’Eucharistie : le Seigneur Jésus prit du pain … le rompit et dit : « Ceci est mon corps qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi ». Et les mêmes paroles suivront, avec la coupe et le sang du Christ.
C’est le dernier repas de Jésus avec ses disciples, ces hommes et ces femmes avec lesquels il a partagé sa vie, marchant sur les routes, avec eux, pendant plus de trois ans. Dans quelques heures … l’arrestation … la condamnation … la crucifixion et la mort ! Jésus le sait. Essayons de nous représenter la scène. C’est son dernier repas avec ses amis, et l’instant d’après il va les quitter pour toujours. Avec Jésus c’est bien l’essentiel qui va être dit : transmettre un message pour leur propre vie, et également pour notre propre vie
Mais voilà, au lieu de parler, Jésus pose un geste, qui parle plus que tous les discours. Un geste bouleversant qui nous saisit d’émotion encore aujourd’hui comme il a étonné en son temps les disciples. Pensez donc ! Jésus, Dieu qui lave les pieds de ses disciples – une corvée habituellement réservée aux esclaves, car ce sont eux qui versaient l’eau et qui portaient le tablier. Jésus prend la place du dernier, de l’esclave… Et cela Pierre ne l’a pas compris !
Ce sont là les derniers mots de Jésus, le dernier geste, le sens de toute sa vie : laver les pieds de ses disciples et se faire le serviteur de ses frères. Et il ajoute pour nous : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres »
Dieu en Jésus a pris le visage d’un serviteur, pour nous convertir, pour transformer en nous nos désirs de puissance en courage de servir.
Extraordinaire renversement de l’Évangile où Dieu que nous voyons parfois dans les nuages est là à nos pieds, comme un serviteur !
L’Église en ce jeudi saint superpose ces deux gestes de Jésus : le lavement des pieds et le pain partagé. Célébrer l’Eucharistie, entrer dans l’Amour du Père par la communion au corps et au sang du Christ, c’est aussi être serviteur de ses frères et de ses sœurs, les deux aspects ne pouvant être séparés.
Pourtant tout en nous et autour de nous s’y oppose : en particulier notre volonté de puissance et de domination….
En faisant mémoire du dernier repas de Jésus, nous engageons nos pas dans les siens et nous allons entrer dans sa Pâque en nous souvenant que son chemin de résurrection est un chemin de service. Amen.
Jean-Jacques Guillemot sj
Témoignage
Bonjour à tous,
Je m’appelle Lucile, j’ai 38 ans et aujourd’hui, c’est ma première communion.
Cela fait environ 1 an que je découvre la foi chrétienne depuis une retraite spirituelle en 2023. Et quand je suis arrivée ici aux Messes « qui prend son temps », j’ai été particulièrement marquée par la fraternité ici, la simplicité et l’approche jésuite très douce et ouverte sur le monde et les autres.
Je suis vraiment heureuse de pouvoir communier parmi vous et j’aimerais remercier le Père Georges Cottin de m’avoir si bien préparée à ce sacrement.
● De mon côté, je n’ai pas été élevée dans la foi chrétienne, j’ai simplement été baptisée bébé et nous parlions spiritualité de manière générale à la maison.
Dès la fin de mon enfance, les épreuves sont arrivées mais également un sentiment de ne pas appartenir à ce monde, de ne pas le comprendre.
Du coup, j’ai cherché un remède dans différentes techniques et pseudo spiritualités. J’ai aussi pratiqué un peu le bouddhisme qui est une très belle voie mais qui ne me correspondait pas tellement.
Pourtant, plus le temps passait et plus je me sentais impuissante, avec le sentiment que ce qui m’était demandé m’était inatteignable : me sauver moi-même par mes propres efforts et mérites.
Finalement, tout ceci a préparé mon vrai cheminement vers la foi chrétienne.
● Ces dernières années, Dieu – que j’appelais « l’univers » à l’époque – m’a fait prendre conscience à quel point Il est le seul à pouvoir nous sauver. J’ai progressivement été dépouillée de beaucoup de choses dans ma vie. J’ai réalisé que j’étais pécheur et me suis retrouvée dépourvue de la moindre force. Cette fois, aucune technique, aucun procédé ne pouvait faire illusion : j’étais au pied du mur, seule avec le Seigneur.
Je comprends alors que Lui seul peut me guérir, me transformer et surtout que je ne peux rien sans Lui.
Et c’est la première raison qui m’amène à communier aujourd’hui : j’ai besoin d’un Sauveur, Jésus.
● Communier, pour moi, c’est aussi évidemment suivre Jésus et son enseignement, m’unir à son sacrifice d’amour, à ce Dieu d’amour. Et il me semble important de souligner le mot « unir ».
Les techniques que j’ai pu pratiquer avant, même si elles pouvaient m’apaiser temporairement, m’amenaient au final bien souvent à me séparer du monde et même à être divisée à l’intérieur de moi !
Mais avec le Christ, nous nous réunissons, nous nous unissons et je crois que cela est essentiel car c’est là le fruit de l’amour. La fraternité chrétienne m’a émerveillée et à travers cette communion, je suis heureuse de rejoindre mes frères et soeurs dans la foi pour constituer le corps du Christ qu’est l’Eglise.
J’aimerais terminer en vous disant à quel point mon amie Carmina a été essentielle dans ma conversion. Son exemple incroyable de charité et de piété a témoigné de lui-même de ce qu’est être chrétien.
Et c’est cette voie de l’Amour que j’ai envie de suivre dès à présent.
Merci Seigneur, merci à la communauté jésuite et merci de m’avoir écoutée.